Un «grand dirigeant» et «modèle de sagesse» qui «n’a pas fait les bons choix»: après sa mort, Bouteflika divise toujours

Comme tout personnage historique, Adbelaziz Bouteflika, qui a dirigé l’Algérie de 1999 à 2019, va de toute évidence rester une figure controversée après sa mort, comme il l’était de son vivant.
Sputnik
Le décès de l’ancien Président algérien Adbelaziz Bouteflika, qui est resté à la tête du pays de 1999 à 2019 avant de démissionner sous la pression de la rue et de l’armée, a suscité des réactions mitigées en Algérie ainsi qu’à travers le monde.
Les autorités du pays ont annoncé ce samedi 18 septembre que les drapeaux seraient mis en berne «pendant trois jours». Bien que la date et le lieu de l’enterrement de M.Bouteflika n’aient pas été annoncés officiellement, le site Sabqpress affirme que l’ex-dirigeant sera inhumé dimanche au carré des Martyrs du cimetière d’El-Alia, dans l’est d’Alger.
«C’est pas nous, c’est Bouteflika!»
Pour la spécialiste de l'Algérie Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban) contactée par L’Express, l’ex-Président restera à la fois associé à une Algérie forte ainsi qu’à de nombreux scandales de corruption.
Dans une tribune pour TSA, le journaliste Makhlouf Mehenni souligne que le défunt «avait tout pour changer le visage de l’Algérie et le mettre définitivement sur la voie de la modernité et du décollage économique». «Qu’il n’ait pas voulu ou pas su le faire, l’histoire le retiendra à sa charge, plus que tous les autres ratages de sa présidence», indique l’auteur.
«Hélas, pour des raisons qu’il appartient à l’Histoire de déterminer, Abdelaziz Bouteflika n’a pas fait les bons choix. En 20 ans, il a dépensé près de 1.500 milliards de dollars en infrastructures, certaines utiles, d’autres superflues, en projets d’un gigantisme délirant, et dans la quête perpétuelle de préserver la paix sociale. L’accumulation des erreurs stratégiques a plombé l’avenir du pays», insiste-t-il.

Réactions internationales

Le vice-président de Conseil présidentiel libyen, Moussa al-Kouni, a réagi au décès de M.Bouteflika en le qualifiant de «modèle de sagesse face aux troubles» et de «symbole de liberté».
Le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a présenté ses condoléances «fraternelles les plus sincères» suite à la mort de l’ex-Président dans une lettre envoyée au dirigeant algérien actuel Abdelmadjid Tebboune, en assurant prier Dieu d’accueillir le défunt «dans son vaste paradis». Le Président Tebboune a également reçu les condoléances de Khalifa ben Zaïedal-Nahyane, Président des Émirats arabes unis.
Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a souligné dans un tweet que M.Bouteflika était «un ami proche de Cuba et de sa révolution».
Le chef d'État sénégalais, MackySall, a lui aussi présenté ses condoléances au gouvernement et au peuple algériens, qualifiant l’ex-Président de «grand dirigeant africain».
Sur sa page Facebook, l’ancien chef de gouvernement tunisien Youssef Chahed a qualifié le défunt d’«un des symboles les plus marquants de la nation arabe dont la carrière s’est mêlée à l’histoire glorieuse de l’Algérie».

Parcours présidentiel

Né en 1937, Adbelaziz Bouteflika s’engage en 1956 dans les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN). Avec l’indépendance de l’Algérie en 1962, il devient ministre de la Jeunesse et en 1963, obtient le portefeuille des Affaires étrangères.
Poursuivi pour malversation financière, il quitte la politique et l’Algérie en 1981 pour plusieurs années d’exil, notamment en France et en Suisse. De retour en Algérie six années plus tard, il est élu Président le 15 avril 1999 avec près de 75% des voix lors d’un scrutin dont les résultats sont vivement contestés par l’opposition.
Réélu en 2004 avec environ 85% des suffrages, il fait modifier la Constitution pour en supprimer la limitation à deux mandats présidentiels. En 2009, il est investi d'un troisième, pendant lequel il subit un accident vasculaire cérébral. De nouveau plébiscité en 2014, avec plus de 81% des voix, Adbelaziz Bouteflika prête serment en fauteuil roulant.
En février 2019, il se porte officiellement candidat à sa réélection, ce qui déclenche des protestations de masse dans le pays, qui finissent par entraîner la démission de M.Bouteflika de la présidence de la République. Le 17 septembre 2021, l’ex-chef d'État décède à l’âge de 84 ans.
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