Le rappel par la France de ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie est «un acte politique lourd» qui montre la «force de la crise», a déclaré samedi 18 septembre le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
«Le fait que, pour la première fois dans l'histoire des relations entre les États-Unis et la France, on rappelle notre ambassadeur pour consultations est un acte politique lourd et qui signifie la force de la crise qui existe aujourd'hui avec les États-Unis et aussi avec l'Australie», a-t-il déclaré sur France 2.
Cette mesure est intervenue après l'annulation par Canberra du contrat de fourniture de sous-marins français au profit d'un partenariat stratégique avec Washington et Londres, une décision qui a provoqué la fureur de Paris.
Le ministre a en outre considéré comme inutile le rappel de l'ambassadeur français à Londres car «on connaît leur opportunisme permanent»: «La Grande-Bretagne dans cette affaire, c'est quand même un peu la cinquième roue du carrosse».
«Il y a duplicité, il y a mépris, il y a mensonge; on ne peut pas jouer dans les alliances comme cela», a dénoncé Jean-Yves Le Drian sur France 2.
Selon lui, «ce qu'il vient de se passer» pèsera sur le nouveau concept stratégique de l'Alliance atlantique.
«Nous sommes des alliés, et donc quand on a un allié, on ne traite pas avec une telle brutalité, une telle imprévisibilité un partenaire majeur qu'est la France», a-t-il ajouté, évoquant une «rupture de confiance» avec Washington.
Quand il lui a été demandé si le Président Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden s'étaient entretenu, Jean-Yves Le Drian a répondu: «Pas à ma connaissance».
Faire savoir à l’avance
Le ministre des Affaires étrangères a indiqué que la France allait demander des explications à l'Australie alors que l'entente signée en 2016 avec Canberra «prévo[ya]it des clauses lorsqu'une des parties veut quitter l'accord».
«Il y a des dispositions qui indiquent que d'abord, la partie qui veut rompre le fait savoir par écrit. Pour l'instant, nous n'avons pas reçu cette rupture de l'accord intergouvernemental», a-t-il dit. «Et ensuite, il faut 12 mois de discussions pour aboutir à une rupture potentielle si une des deux parties veut rompre au bout de 24 mois», a expliqué Le Drian.
«Nous allons donc agir pour demander des explications aux Australiens, pour savoir comment ils comptent eux-mêmes respecter l'accord qu'ils ont signé.»