Une dissolution peut en cacher une autre. Si cette semaine la LDNA (Ligue de défense noire africaine) a défrayé la chronique en se voyant depuis lundi sous le coup d’une procédure de dissolution, c’est maintenant au tour de la maison d’édition musulmane Nawa basée en Ariège de se retrouver sous le coup d’une telle procédure depuis ce vendredi.
Sur Twitter, le ministre de l’Intérieur indique par ailleurs avoir pris cette mesure suite à plusieurs ouvrages légitimant le djihad. Il ajoute que les avoirs des dirigeants de l’association ont été gelés. Cette décision de gel des avoirs des dirigeants de l’association est parue au Journal officiel ce jeudi.
Une association connue du renseignement
La maison d’édition Nawa Centre d'études orientales et de traduction a été enregistrée en 2008 à Pamiers dans l’Ariège. Elle se présente comme une maison d’édition souhaitant «valoriser les sciences humaines et politiques issues de l’héritage musulman» et de contribuer «au renouveau de ces disciplines via l’étude du monde occidental ou occidentologie, l’histoire des idées et des doctrines politiques contemporaines».
Hors, il est reproché à cette maison d’édition sa ligne éditoriale anti-universaliste et en contestation directe des valeurs occidentales. Enfin, on lui reproche des liens entre ses dirigeants Abû Soleiman Al-Kaabi et Aïssam Aït Yahya avec la sphère djihadiste.
Selon France Bleu Occitanie, il n’y a pour le moment aucun lien avec une figure locale connue du djihadisme, Olivier Corel. Il faut noter que l’association était dans le viseur des services de renseignement pour avoir joué un rôle dans la radicalisation de certains jeunes. En effet, le département de l’Ariège a été le théâtre du démantèlement d’un réseau djihadiste début 2018. Interrogé par le Télégramme, le sociologue Samir Amghar affirme qu’il s’agit d’une maison d’édition bien connue des services de renseignement français et ce dernier s’interroge sur le timing politique en se demandant «pourquoi avoir attendu cinq ans».
Réactions suite à cette annonce de Gérald Darmanin
La maire de Pamiers, Frédérique Thiennot, a indiqué à La Dépêche son étonnement de la présence dans sa ville d’une association dont ses services n’ont jamais eu connaissance, tranquillement installée dans une résidence. Cette dernière salue l’intervention des services de l’État.
«On ne peut pas bénéficier de tous les avantages qu’offre la République et en même temps, s’évertuer à en détruire les valeurs», a acté Frédérique Thiennot.
Du côté de la maison d’édition mise en cause, un court communiqué sur Twitter dénonce cette procédure de dissolution pour des raisons politiques et réfute les accusations portées.
Enfin, cette dissolution fait déjà réagir à l’étranger. Au Canada, le Collectif canadien anti-islamophobie condamne cette fermeture et dénonce une croisade macronienne qui s’élargit maintenant aux maisons d’édition.
Au Royaume-Uni, l’information a été relayée par l’ONG Cage, fondée en 2003 et ayant pour but la défense des prisonniers musulmans. Elle dénonce la portée politique de cette décision ayant pour but de «dépasser son concurrent, le Front national», juste avant les élections.