Sous-marins australiens: la Chine dans le périscope des États-Unis, la France torpillée

Si la France est victime de la résiliation par Canberra du contrat de sous-marins, c’est la Chine que visent les États-Unis. Selon Hugues Eudeline, ex-commandant de submersibles, realpolitik et interopérabilité expliquent cette décision.
Sputnik
Paris-Pékin, même combat? La vente des huit sous-marins américains à l’Australie a fait bondir la France, qui s’estime trahie par ses propres alliés. Mais un second pays a manifesté son mécontentement, c’est la Chine, qui est clairement visée par la signature de ce contrat.
Zhao Lijian, porte-parole de la diplomatie chinoise, ne s’y est pas trompé en dénonçant le 16 septembre un achat «extrêmement irresponsable» qui intensifie «la course aux armements», une «mentalité de guerre froide» qui sape «gravement la paix et la stabilité régionales».

«Simplifier la logistique de guerre»

La signature du pacte de sécurité entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, annoncée lors de la vente de ces submersibles nucléaires, crée un «front plus important» mené par Washington dans l’Indopacifique, estime Hugues Eudeline, vice-président de l’Institut Jacques-Cartier, auteur de plusieurs articles sur la géopolitique maritime chinoise et d’ouvrages sur les violences maritimes. Car les tensions entre Américains et Chinois ne font que s’aggraver ces dernières années, entre pandémie mondiale, relations commerciales et souveraineté en mer de Chine du Sud. Proche de Pékin jusqu’il y a peu, l’Australie s’est explicitement rapprochée de la stratégie américaine en appelant à la mise en place d’une commission d’enquête sur le Covid-19. Ce que les Chinois ont «très mal pris», imposant un embargo sur le charbon australien.
Souci très étatsunien, vendre ses sous-marins nucléaires à l’Australie permet également «l’interopérabilité des armements» entre alliés afin de «simplifier la logistique de guerre».
«Actuellement, les États-Unis ont une vision de guerre très nette. S’il doit y avoir une guerre, les torpilles doivent être américaines», s’inquiète l’ancien commandant de sous-marin.
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Il n’y a «pas grand-chose qui inquiète» Pékin, considère Hugues Eudeline. Il rappelle que l’Empire du Milieu se construit «une marine phénoménale». Si celle-ci devrait devenir une puissance maritime formidable dans les années 2040, le rapport de forces numérique s’inverse déjà: 350 bâtiments de guerre chinois contre 293 pour l’US Navy. «Je ne vois pas pourquoi elle la ferait si ce n’est pour s’en servir», laisse entendre l’ancien militaire.
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