Décision «brutale» et «rupture de contrat moral»: le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean, et le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, n’ont pas cherché à cacher leur déception après que l’Australie a déchiré le contrat portant sur la livraison de 12 sous-marins français conventionnels.
«Je pense que le terme de trahison n’est pas galvaudé vu le niveau d’investissement que la France avait mis, vu ce que nous offrions en termes de transfert de technologies, vu les efforts qui ont été consentis par tous», a déclaré M.Grandjean sur BFM Business.
Il a pourtant assuré que cette décision ne faisait que «renforcer la conviction de la France de travailler au niveau européen qui est la bonne échelle pour peser».
«C’est une décision imprévisible que nous subissons et qui nous appelle à nous remobiliser autour de l’autonomie stratégique européenne», a fait valoir le porte-parole.
Pas de «catastrophe industrielle»
Pour sa part, le ministre de l’Économie s’est montré plutôt rassurant quant à l’impact économique de la décision australienne, tout en la qualifiant de «rupture de contrat moral»:
«Il est regrettable en ce lendemain de crise que nous ayons une telle rupture de contrat moral. L’Australie et les États-Unis en portant l’entière responsabilité», a jugé Bruno Le Maire sur le plateau de BFM TV.
Il a souligné qu’il ne s’agissait pas d’une «catastrophe industrielle» pour Naval Group, le contrat annulé ne représentant que «10% de son chiffre d’affaires». Dans le même temps, le ministre estime que la rupture se répercutera sur la relation future entre Paris, Washington et Canberra.
«Nous tirerons toutes les conséquences de cette annulation du point de vue contractuel. Mais c’est surtout du point de vue stratégique que la leçon à en tirer est très simple: nous devons construire l'autonomie stratégique européenne, car nous ne pouvons pas compter avec la parole d’alliés qui viennent de la renier», a-t-il indiqué.
Canberra explique son refus
Le ministre australien de la Défense, Peter Dutton, a de son côté expliqué ce jeudi 16 septembre que son pays avait renoncé à la commande de sous-marins français parce que les submersibles anglo-américains étaient davantage dans l’intérêt du pays.
«Les Français proposaient une version qui n’était pas supérieure à celle utilisée par les États-Unis et le Royaume-Uni, et en fin de compte, notre décision a été basée sur ce qui est dans l’intérêt de notre sécurité nationale», a déclaré M.Dutton.