L’ambassade russe dénonce la «tambouille russophobe» du Monde après un article sur l’ingérence de Moscou

L’ambassade russe à Paris a qualifié d’«infox» la publication du journal Le Monde pointant du doigt une «officine d’influence russe» qui, selon l’article, propose des financements à des médias et des associations à sept mois de l’élection présidentielle en France.
Sputnik
«Malheureusement, ce journal auparavant crédible s’est transformé en mégaphone de la propagande antirusse primaire», déplore l’ambassade russe à Paris dans un communiqué de presse publié suite à un article du Monde. Titré «Une officine d’influence russe s’intéresse aux violences policières en France» et paru le 14 septembre, il affirme qu’une fondation russe a proposé à des médias et ONG français de financer une campagne d’information sur les violences policières.
«Cherchant à retenir l’attention du public, Le Monde a de nouveau recours aux infox. Hélas, cela ne nous surprend pas. Cet article parle d’une certaine structure russe qui aurait proposé de l’aide, notamment financière, aux médias et ONG français, afin d’organiser une supposée campagne d’information au sujet des violences policières en France», indique l’ambassade.

Les recherches d’une «piste russe imaginaire»

L’ambassade russe signale que ce problème à dimension sociétale et juridique est largement couvert par les médias français et commenté par des hommes politiques à tous les niveaux.
«Or, au lieu d’analyser la situation intérieure du pays, le chroniqueur du Monde a choisi la voie de la facilité, ayant préféré aller chercher la "piste russe" imaginaire. Bref, le bon vieux #HighlyLikely (hautement probable).»
L’ambassade déplore qu’un journal «auparavant crédible s’est transformé en un porte-voix de la propagande antirusse primaire» et que certains journalistes hautement professionnels soient contraints de suivre la ligne de la rédaction vis-à-vis de Moscou.   
«En ce qui concerne la tambouille russophobe du Monde, elle ne prétend plus, et depuis longtemps, être étoilée par Michelin, mais sent plutôt la bouffe bon marché de l’époque du Ventre de Paris.»
L’ambassade a réitéré dans son communiqué la position de la Russie qui avait déclaré à maintes reprises qu’«elle n’intervient pas dans les affaires intérieures des autres pays, notamment de la France».

Une volonté d’aller plus loin à sept mois de la présidentielle

Le 14 septembre, Le Monde a publié un article avançant que ces dernières semaines plusieurs médias français et des associations travaillant sur le thème des violences policières avaient reçu un message de la Fondation pour combattre l’injustice lancée au printemps dernier par l’homme d’affaires russe Evgueni Prigojine et proposant de financer une campagne d’information sur ce sujet.
«Le message envoyé aux rédactions et associations semble indiquer une volonté d’aller plus loin, à sept mois de l’élection présidentielle française», indique le journal. 

Démenti de la Fondation

La Fondation a publié sur son site un communiqué rejetant «officiellement toutes les accusations» en les qualifiant de calomnies.
«Nous ne sommes pas intéressés par les élections françaises et leurs résultats nous importent peu. Notre objectif est d’aider les victimes des violences policières et des persécutions politiques de par le monde», indique le document précisant que la Fondation n’a jamais payé personne.

La probable présence de Wagner au Mali inquiète Paris et Berlin

Le jour de la publication de l’article du Monde affirmant qu’Evgueni Prigojine «est connu pour être derrière la société de mercenaires Wagner», les autorités françaises se sont ouvertement inquiétées au sujet de cette dernière.
Selon l’AFP, leurs craintes tiennent aux discussions entre Bamako et la société russe. Paris a averti qu’un déploiement de ces paramilitaires au Mali pourrait entraîner un retrait des troupes françaises qui y combattent depuis huit ans les groupes djihadistes.
Berlin s’est également alarmé. L’AFP signale que mercredi 15 septembre, la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer a prévenu que la conclusion d’un accord «remettrait en cause» le mandat de l’armée allemande au Mali où elle est présente avec près de 1.500 soldats.
Début juin, Evgueni Prigojine a intenté une action en justice contre la radio Écho de Moscou et son rédacteur en chef en réclamant de démentir ses liens avec la société Wagner.
M.Prigojine a indiqué dans sa requête que le 18 juillet 2020 son rédacteur en chef, M.Venediktov, l’avait qualifié dans une émission de «propriétaire de la société Wagner».
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