Si en France les affiches «Zemmour Président» ont pu faire polémiques, l’éditorialiste n’étant pas officiellement candidat pour 2022, en Allemagne l’affichage électoral semble poser des problèmes autrement plus délicats.
La ville de Zwickau, en Saxe, a ainsi vu fleurir sur ses murs des affiches clamant «Pendez les Verts!», rapporte la Radiodiffusion de l'Allemagne centrale (MDR). Réalisés par le parti d’extrême droite Der Dritte Weg (La Troisième voie), ces placards ont choqué du côté de la municipalité, qui a pris un arrêté pour les faire retirer.
Mais le tribunal administratif de Chemnitz a retoqué la mesure, estimant qu’elle portait atteinte à la liberté d’expression. Une victoire pour le parti d’extrême droite, qui devra néanmoins coller ses affiches à au moins 100 mètres de celles d’Alliance 90/Les Verts, le fameux parti écologiste.
Ce verdict a scandalisé du côté de la municipalité, qui a d’ores et déjà annoncé qu’elle ferait appel. Le maire de Zwickau, Constance Arndt, a dénoncé le slogan inscrit sur les affiches comme «antidémocratique et irresponsable», rapporte la MDR. L’édile considère que la décision d’écarter les affiches d’une centaine de mètres ne change rien au fond du problème.
Contre-campagne
À Zwickau, d’autres ont décidé de tirer parti de cette décision de justice. Le député des Verts Wolfgang Wetzel a ainsi annoncé qu’une contre-campagne d’affichage aurait bientôt lieu, rassemblant au-delà des affiliations politiques.
Le but sera de placarder des affiches du parti écologiste en divers endroits, afin de rendre plus compliquée la tâche des colleurs du Der Dritte Weg.
«De nombreux démocrates, bien au-delà des Verts, ont invité à une action d’affichage solidaire à Zwickau. Le slogan de la campagne est "Ne laissez pas pendre les démocrates". L'objectif est d'accrocher autant d'affiches que possible d’Alliance 90/Les Verts à Zwickau, afin que les néonazis puissent difficilement coller à 100 mètres», a ainsi expliqué le député Wolfgang Wetzel à la MDR.
Il n’est pas rare que des affichages électoraux fassent polémiques au pays de Goethe, jusqu’à parfois entraîner des contentieux diplomatiques. Fin août, des affiches vantant les mérites de l’Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) et de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) avaient par exemple mis en avant une carte de l’Allemagne, qui comprenait la région russe de Kaliningrad. Une boulette qui avait provoqué la colère de plusieurs élus russes.
Les affiches de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont aussi parfois créé la controverse. En 2019, la section berlinoise du parti avait ainsi utilisé un tableau du peintre Jean-Léon Gérôme, intitulé Le Marché d’esclaves, qui représentait la traite des femmes blanches dans un pays musulman. Le slogan «Pour que l’Europe ne devienne pas l’Eurabia» accompagnait la reproduction. Les responsables du Clark Art Institute, où est exposé le tableau, avaient fait part de leur colère.
La Saxe est devenue depuis plusieurs années une région favorable au courant de droite dure voire d’extrême droite. L’AfD y est arrivée en tête lors des élections fédérales de 2017. Une performance que le parti pourrait rééditer fin septembre, selon certains observateurs.