Le désastre subi par les Américains en Afghanistan signifie-t-il qu’il est temps pour les pays européens d’arrêter de se lancer dans les aventures militaires pilotées par Washington?
«À l’origine, les États-Unis voulaient contrer Oussama ben Laden qui avait fomenté les attentats du 11-septembre. Les Européens, et donc les Français, sont venus par solidarité. L’intervention a duré jusqu’en 2011, date de la mort de ben Laden. Mais les opérations ont continué afin de mettre en place une démocratie, la liberté pour les femmes... des sujets qui n’avaient rien à voir avec le sujet initial. L’Otan a perdu parce qu’il a voulu aller trop loin.»
Les Européens, poursuit-il, empêtrés dans les accords avec Washington par le biais de l’Otan, ont laissé la manœuvre aux Américains. Aujourd’hui, ils remettent sur la table l’idée d’une force européenne commune. Une initiative appropriée, selon le général:
«Ce sont des décisions européennes dans lesquelles les Américains ne rentrent pas. Les États-Unis sont les alliés de l’Europe, mais cela ne veut pas dire que l’on doit chausser leurs bottes en permanence. Par exemple, en 2003, la France –grand ami des Américains– avait dit: ‘N’allez pas en Irak.’ Les Américains ont essayé de nous emmener dans leur alliance mais nous avons refusé. Les Européens ont besoin de constituer des capacités –du renseignement ou militaires– qui leur permettent de manœuvrer indépendamment des Américains.»