Alors que s’est ouvert le procès exceptionnel des attentats du 13 novembre 2015, la France n’en a pas fini avec la menace terroriste, a déclaré Gérald Darmanin sur RTL. Le ministre de l’Intérieur s’est montré pessimiste sur les risques d’attentats potentiels, rappelant que ses services avaient déjoué 36 tentatives depuis 2017, et quelques-unes depuis le début de l’année.
«Nous vivons dans un monde extrêmement troublé. La France est très menacée. Tous les Français d'ailleurs le sont, pas simplement les dirigeants politiques, les policiers ou les juges antiterroristes», a averti le ministre sur RTL.
La nature de cette menace semble cependant s’être transformée au fil des ans. Les attentats organisés depuis l’étranger ne sont plus le risque principal à en croire Gérald Darmanin, qui se méfie bien davantage des initiatives individuelles.
«Nous sommes assez prémunis aujourd’hui contre les attentats de type 2015, c’est-à-dire organisés depuis l’étranger, avec un commando qui viendrait en France, comme pour le Bataclan. Par contre, il y a des menaces endogènes. De l’"auto-entreprise". Quelqu’un qui prend un couteau, qui rentre n’importe où et qui au nom d’une religion commet des attentats, par exemple», a souligné le ministre.
Un constat qui rejoint celui souvent dressé par les services de renseignement. Début juillet, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, avait lui aussi mis l’accent sur les «individus isolés, autonomes», susceptibles de passer à l’acte sous l’«effet de la propagande». Sur Franceinfo, le responsable avait ajouté avoir les yeux rivés sur le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui pouvait «générer des tensions exacerbées».
Menace survivaliste
Mais au-delà des attentats islamistes, le ministère de l’Intérieur semble aussi s’inquiéter de la montée en puissance d’autres mouvements radicaux. Gérald Darmanin a ainsi pointé du doigt le mouvement survivaliste.
«À côté des attentats islamistes, qui sont les plus importants proportionnellement, nous avons de nouvelles menaces, d’ultradroite ou d’ultragauche. Notamment les survivalistes, ces gens qui pensent que la fin du monde approche et qu’il faut donc l’accélérer. C’est extrêmement sérieux», a déclaré le ministre sur RTL.
Pour l’heure, aucun attentat survivaliste n’a encore ensanglanté le territoire français, même si plusieurs faits divers ont impliqué des membres de cette mouvance ces derniers mois. Certains ravisseurs de la petite Mia ont ainsi été soupçonnés d’affinités avec la sphère survivaliste, en avril dernier. La tuerie ayant coûté la vie à trois gendarmes dans le Puy-de-Dôme en décembre dernier est à mettre au crédit d’un adepte de cette mouvance.