Enfant ramené par la police pour une dette à la cantine: la mesure «la moins pénalisante», selon la maire

Alors que le Défenseur des droits s’est saisi d’office concernant l'élève conduit chez lui par un policier pour des impayés à la cantine, la maire du village campe sur ses positions, estimant que l’enfant était plutôt «traumatisé par tout le battage» généré par sa mère.
Sputnik
La maire du village Saint-Médard-de-Guizières (Gironde) qui a mobilisé un policier pour ramener un enfant de sept ans chez lui en raison d’une dette à la cantine estime que la situation n’est pas traumatisante pour le petit.
Après avoir estimé sur RMC que cette mesure était «la moins pénalisante pour l’enfant», Mireille Conte Jaubert, contactée par 20 Minutes, persiste: «les conditions dans lesquelles cet enfant a été récupéré sont plus qu’honorables et douces».
La vraie cause de sa prise en charge par un agent ne lui a pas été annoncée, poursuit-elle:
«On lui a dit que sa maman avait oublié de lui dire qu’il ne mangeait pas à la cantine et que comme elle connaissait le policier municipal, elle lui avait demandé de venir le récupérer».
L’édile avance également que monter dans une voiture de police avait même été apprécié par certains de ses camarades.
En 2013, un cas similaire s’était déjà produit dans les Pyrénées-Atlantiques. Une fillette de cinq ans avait alors cru que ses parents étaient décédés, rapporte Le Parisien, alors que ses camarades craignaient qu’elle soit emmenée en prison.
Rejetant tout éventuel impact psychologique en raison de l’incident, Mireille Conte Jaubert assure que l’enfant était plutôt «traumatisé par tout le battage que sa mère a généré autour de cette histoire».
L’élue est persuadée avoir agi dans les règles, d’autant plus qu’elle affirme avoir prévenu les parents concernés avant la rentrée sur les sanctions qui suivront:
«La majorité des parents a cherché et trouvé une solution pour régulariser sa dette. Sauf elle, qui s’est montrée agressive et assez menaçante à mon égard en me disant que si je ne gardais pas son enfant à la cantine, elle ne paierait pas sa dette. Il n’y avait pas vraiment de solution pour lui faire entendre raison», expose-t-elle auprès de 20 Minutes.

La Défenseure des droits se saisit d’office

La Défenseure des droits, Claire Hédon, déclare cependant dans un communiqué du 13 septembre se saisir d’office suite à cet incident.
Il y a deux ans après plusieurs cas d’exclusion d’élèves pour des repas scolaires impayés par leurs parents, le Défenseur des droits avait déjà prôné la nécessité de «laisser les enfants à l’écart des conflits entre les parents et l’administration» en rappelant certaines dispositions de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE), selon lesquelles «l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale».
Les autorités qualifient de telles démarches d’«inacceptables», car elles sont «traumatisantes pour l’enfant concernée et ses camarades témoins de la scène». Citant le cas d’une fillette de cinq ans escortée par une policière pour les mêmes raisons, elles avaient ajouté que ces mesures constituent «un manquement à la déontologie commis par la policière municipale concernée».
Le régulateur alerte également sur l’inadmissibilité des repas différenciés pour les enfants dont les familles sont redevables d’impayés, une pratique observée aux États-Unis et qualifiée de «déjeuner humiliant». En France, elle est jugée discriminatoire.
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