Quelques jours après la rentrée, la municipalité de Saint-Médard-de-Guizières (Gironde), comptant environ 2.500 habitants, a décidé d’exclure un enfant de la cantine scolaire à cause d’une dette conséquente accumulée par sa mère.
Les faits se sont déroulés le 9 septembre. À l’heure de la pause déjeuner, un garçon de sept ans de primaire a été conduit chez lui par un policier municipal.
Selon Sud-Ouest, premier média à avoir révélé l’histoire, la dette s’élève à 800 euros et s’accumule depuis 2019, soit quelques centaines de repas scolaires.
La méthode
Chirley Raymond, maman de l’enfant, ne conteste pas les faits, mais reproche la méthode employée.
«Peu importe la raison, il a sept ans et demi, on ne peut pas l'afficher comme ça devant toute l'école, tous les parents. Ça ne se passe pas comme ça quand n'importe quelle personne a des problèmes de loyer ou de cantine ou autre, on ne s'en prend pas à leurs enfants. Ce n'est pas normal, pas du tout», déplore-t-elle auprès de RMC ce 13 septembre.
Mireille Conte-Jauberte, maire de la commune, assure de son côté, toujours sur RMC, que la décision a été prise après plusieurs rappels adressés à la maman qui ne travaille pas et s’occupe seule de ses trois enfants.
Concernant la méthode choisie, elle insiste: «C’était la mesure la moins difficile pour l’enfant».
L’édile explique que ce jour-là, aucun employé municipal ni même elle n’avait la possibilité de raccompagner le garçon chez lui. La mairie a décidé de ne pas contacter les services sociaux, et «de toutes les méthodes, j’ai choisi la moindre», argumente-t-elle, étant donné que la maman du garçon n’a pas pu venir le récupérer.
«Notre policier municipal est habilité à faire ce genre de choses. Je pense qu’il l’a fait dans la plus grande délicatesse», explique la maire sur RMC ce lundi, ajoutant que l’enfant n’est pas resté très longtemps avec le policier, car il habite tout près de l’école.
Pas de cantine
L’édile précise que l’enfant n’aura pas accès à la cantine jusqu'à ce que la dette soit réglée.
Selon l’édile, la facture n’a toujours pas été payée parce que «délibérément la maman ne veut pas régler la facture». Pourtant, d’après l’intéressée, elle comptait s’acquitter de la somme courant septembre.
La méthode choisie par la mairie n'est pas passée inaperçue. En effet, le fait que l’enfant ait été accompagné par un policier est largement contesté.
«Tout le monde le pointait du doigt», raconte sa mère.
Certains représentants de la classe politique et des militants des droits de l’enfant se sont indignés du traitement choisi. La méthode a été qualifiée d’humiliante et d’«impardonnable» par Nathalie Morand, porte-parole d’EELV en région PACA. L’enfant a été traité comme un délinquant, estime-t-elle.
Lyes Louffok, membre du Conseil national de la protection de l'enfance, dénonce, lui, un traitement «humiliant et indigne».
D’autres cas
La privation de repas scolaires pour un défaut de paiement de la cantine par les parents d’élèves reste la solution de dernier recours choisie par les municipalités.
Ainsi, en septembre 2019, deux enfants d'une même famille inscrits à l'école primaire à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) ont eu en guise de déjeuner du pain et de l’eau, car leurs parents n'avaient pas payé la cantine depuis plus d’un an. Emmanuel Ferrand, maire de la ville, avait à l’époque précisé sur France 3 que la municipalité voulait «faire un électrochoc aux parents», les nombreux appels téléphoniques, les mails et les courriers de la mairie étant tous restés sans réponse.
En 2013, à Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques), l’intervention de la police municipale pour faire sortir une enfant de cinq ans d’une cantine pour la même raison avait provoqué un scandale.
Juridiquement, il est possible de refuser un enfant à la cantine en cas d'impayés durables des parents. Pourtant, cette situation «n'arrive quasiment jamais car l'on finit toujours par trouver une solution avec le CCAS ou les services sociaux»», assurait en 2019 auprès de Libération Rodrigo Arenas, coprésident de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE).