Sous le feu des critiques après l’agression de plusieurs élus à Val-de-Reuil (Eure), la Ligue de Défense Noire Africaine (LDNA) pourrait bientôt être dissoute. Le ministre de l’Intérieur a en effet annoncé sur Twitter avoir entamé des démarches en ce sens. Gérald Darmanin reproche à l’association, qui se réclame pourtant de l’antiracisme, d’appeler «à la haine et à la discrimination».
Cette dissolution a été réclamée à plusieurs reprises ces derniers jours, notamment par le député Éric Ciotti (LR). Celui-ci avait invité le ministre de l’Intérieur à faire «interdire ce mouvement de haine violent», suite aux agressions qui ont eu lieu dans l’enceinte de la mairie de Val-de-Reuil.
Ce 12 septembre, plusieurs membres de la LDNA avaient en effet investi les bâtiments de la municipalité, défonçant la porte de la salle du conseil et prenant une adjointe au maire à partie. L’édile, Marc Antoine Jamet, avait également été enfariné par des militants alors qu’il célébrait un mariage. Ce coup de force faisait suite à des tensions interethniques survenues dans la ville, entre communautés kurdes et africaines.
Une association controversée
Ce n’est pas la première fois que la LDNA, qui affirme défendre les droits des «afrodescendants et Africains» en France, crée la polémique. Egountchi Behanzin, sulfureux fondateur du mouvement, avait notamment été condamné à 6 mois de prison en 2019, pour intimidation envers Patrick Balkany.
L'association a par la suite multiplié les actions coups de poing, envahissant par exemple les locaux de Valeurs Actuelles en août 2020 après que l’hebdomadaire a caricaturé la députée noire Danielle Obono dans une fiction intitulée «Obono l’Africaine».
Proche de la mouvance décoloniale, elle avait aussi participé à la vague de déboulonnage de statues, au cours de l’été 2020. Ses militants avaient appelé à reléguer les effigies de Colbert, De Gaulle ou Napoléon dans les «poubelles de l’Histoire».
Des engagements qui ont parfois frisé le farfelu, le mouvement invitant par exemple à dissoudre l’Église catholique et le Vatican, après «paiement des réparations» dues aux descendants d’esclaves.
Dissolutions en cascade
Gérald Darmanin a déjà proposé la dissolution de plusieurs autres associations depuis son accession au portefeuille de l’Intérieur. Le Conseil d’État l’a souvent suivi, en particulier concernant des mouvements liés à l’islam radical.
L’ONG controversée Barakacity avait ainsi été forcée de cesser ses activités, après les tweets polémiques de son président Idriss Sihamedi. «Mourir en martyr est la plus belle chose dans la vie d'un croyant», avait notamment écrit celui-ci sur la plateforme à l’oiseau bleu.
Même tarif pour le groupe Génération identitaire, dissous en mai 2020 pour avoir promu «une idéologie incitant à la haine et à la violence envers les étrangers». Le mouvement avait en particulier organisé des opérations aux frontières italienne et espagnole, pour dissuader les migrants d’entrer clandestinement en France.