Nouveaux Rafale en Grèce: une «autonomie européenne» d’apparence?

La Grèce a confirmé son intention d’acquérir six Rafale neufs de plus. Florence Parly s’en est réjouie, louant au passage l’Europe de la défense. Pourtant, Athènes ne cache pas son intention de se tourner à terme vers le F-35.
Sputnik
«J'ai annoncé l'achat de dix-huit Rafale. Il y en aura bientôt vingt-quatre.» Lors du Salon international de Thessalonique, le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis a ainsi annoncé son intention de passer une commande de six appareils à Dassault Aviation. Une intention confirmée, le lendemain, par Athènes et dont s’est félicitée Florence Parly.
​Un an jour pour jour avant cette annonce, le 12 septembre 2020, le chef du gouvernement grec officialisait les rumeurs de la presse quant à l’achat de dix-huit exemplaires du chasseur multirôle. Une première en Europe pour le Rafale. Concrétisé en janvier 2021, ce contrat de 2,5 milliards d'euros englobait douze appareils d'occasion et six avions neufs ainsi que leurs armement (missiles air-air Meteor et MICA, missiles de croisière SCALP et missiles antinavires AM39 Exocet).

«Fer de lance» de la chasse hellénique

Comme l’an passé, ce projet d’achat a fuité dans la presse hellénique. Mais, cette fois, tous les appareils seront neufs, confirme Balard. Au mois d’avril, déjà, le site Opex360 repérait un article de l’hebdomadaire ProtoThema. Il y était question pour Athènes d’acquérir six Rafale supplémentaires au standard F3R, pour «environ 800 millions d’euros», afin de faire du Rafale le «fer de lance» de son aviation de combat. Dans la ligne de mire des Grecs, bien sûr, leur voisin turc. Comme à l’été 2020, cette augmentation d’arsenal intervient sur fond de regain de tensions avec Ankara. Et ce malgré les dénégations d’Erdogan. Lesquelles n’abusent personne!
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La concrétisation de cette commande est flatteuse pour Paris. Le ministre des Armées en a profité pour entonner un couplet enthousiaste à la gloire de l’«autonomie européenne» en matière de défense. Une indépendance loin d’être acquise. En effet, reste à savoir si ce contrat grec n’est pas annonciateur d’un autre marché, plus gros encore, passé avec avec Lockheed-Martin.
En effet, si la possibilité d’un achat de Rafale supplémentaires est évoquée par la presse spécialisée depuis des mois, celle d’acquérir des F-35 l’est tout autant. Or les deux appareils devront se partager l’enveloppe allouée par le Parlement grec. Comme le relatait début février La Tribune, qui revenait sur la «très forte» attirance grecque pour le F-35, propos du ministre grec de la Défense à l’appui, Athènes entend encore acquérir «sur le long terme» quarante avions de combat. Le ministre grec annonçait donc sans détour l’intention de se tourner, à terme, vers le «principal» avion de combat de cinquième génération de l’Otan.

Les Américains en embuscade?

Athènes a déjà signé un chèque de 2,4 milliards de dollars, sur dix ans, pour la modernisation au standard «block V» (Viper) de 85 de ses 150 F-16. Par ailleurs, il ne faut jamais crier victoire au sujet des contrats d’armements. En témoigne un autre marché, également grec, que la France a considéré trop rapidement comme acquis: celui des frégates.
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En octobre 2019, Florence Parly annonçait solennellement qu’une lettre d’intention avait été signée avec son homologue grec pour l’achat de deux frégates de défense et d’intervention (FDI) Belharra (ou Belh@rra). Un deal à 2,5 milliards d’euros. Mais les Américains se sont invités dans des négociations que Paris pensait closes. Et Washington n’y est pas allé de main morte avec une offre agressive de Lockheed-Martin: deux fois plus de navires pour un prix inférieur de 20% à celui des Français.
Pour tenter de sauver le coup, Paris avait revu sa copie. Outre une baisse de ses tarifs, la France a proposé de céder les frégates Jean-Bart et Latouche-Tréville, comme le révélait fin mars La Tribune. Depuis, cette initiative semble être tombée à l’eau. Le silence radio est total sur les négociations en cours qui opposent, là encore, la France aux États-Unis.
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