Revenant sur «la décision difficile» de retirer les forces d’Afghanistan, Jens Stoltenberg a expliqué le 10 septembre dans une interview au New York Times que l’Alliance faisait face à «un dilemme difficile»: quitter le pays au risque d’un retour des talibans* ou maintenir sa présence, mais au prix de nouveaux combats et victimes.
Cependant, il refuse de lier la victoire rapide du mouvement islamiste au retrait des troupes américaines et otaniennes.
«Ce que nous avons vu, c'est un collapse du pouvoir politique et militaire, et cela a déclenché l'effondrement de toute la défense contre les talibans*», expose-t-il.
À la question de savoir si le départ des troupes a contribué de manière «psychologique et logistique» à l'effondrement du pouvoir afghan, M.Stoltenberg est resté évasif:
«Il y aura bien sûr beaucoup d'analyses et beaucoup de chercheurs se pencheront là-dessus […] Mon objectif principal est de savoir comment nous pouvons préserver les gains réalisés dans la lutte contre le terrorisme et comment faire sortir les gens d'Afghanistan».
Une victoire foudroyante
Une réponse qui surprend, étant donné qu’il est difficile de voir une coïncidence entre le fait que les talibans* aient lancé leur offensive quand les États-Unis et l’Otan ont entamé leur retrait du pays fin avril. Pour rappel, le 29 avril, la Maison-Blanche a annoncé que les militaires américains avaient commencé à quitter l’Afghanistan. Au cours du mois de mai, les talibans* ont pris 15 districts au gouvernement afghan. Vers fin juillet, ils contrôlaient 223 districts sur les 407 du pays, sans pour autant prendre la moindre des 34 capitales provinciales.
C’est au mois d’août que le mouvement s’est emparé des plus grandes villes du pays, dont la capitale Kaboul, le 15 août. Le 6 septembre, les talibans* ont annoncé avoir pris le contrôle de la vallée du Panchir, dernier bastion de la résistance, une information démentie par le Front de la résistance du Panchir (FNR).
Une situation imprévue par Washington
Mi-août, Joe Biden a reconnu que la situation en Afghanistan se dégradait «plus rapidement» que Washington ne l’avait «prévu» et que le retrait des forces américaines était «difficile», «désordonné» et «loin d'être parfait».
«Profondément attristé par la situation dans le pays», il a pourtant assumé sa responsabilité et n’a pas regretté sa décision de quitter le pays. En effet, il estime que «les troupes américaines ne peuvent pas et ne doivent pas se battre et mourir dans une guerre que les forces afghanes ne sont pas prêtes à mener elles-mêmes».
*Organisation terroriste interdite en Russie