«Il n'y a aucun dialogue possible entre les jeunes et la police. Leur haine de l'uniforme est indescriptible», lance au Figaro Fatimata Sy, présidente du collectif Gilets roses, des mamans qui tentent d’apaiser la situation dans la cité des Tarterêts (Corbeil-Essonnes), au sud de Paris. Ce quartier connaît des affrontements entre bandes de jeunes et forces de l’ordre depuis plus d’une semaine, et la cité risque de s’embraser encore davantage.
«Les flics vont devoir payer pour ce qu'ils ont fait. On va tout casser», réagit un jeune habitant auprès du quotidien. «On ne peut pas en rester là. Ce n'est que le début. On ne touche pas une maman, on va les venger», renchérit un autre.
Ils font référence à l’intervention policière du 2 septembre pour rodéo urbain et violences dans la cité.
Celle-ci s’était terminée par le gazage d’une mère qui se dirigeait vers l’un de ses fils plaqué au sol par plusieurs policiers venus l’arrêter après des rodéos effectués en ville. Une vidéo des faits a attisé les tensions, résultant en cinq nuits consécutives de violences urbaines dans plusieurs quartiers de Corbeil-Essonnes, ainsi que dans d’autres villes du département. Jeudi 9 septembre, un fourgon de police y a une nouvelle fois été attaqué.
Au total, quatre policiers ont été blessés, et quatre jeunes âgés de 12 à 18 ans ont été interpellés pour jets de projectiles, mais relaxés ce mercredi. Si aucune violence n’a été rapportée depuis, les tensions restent vives. «Sur le terrain, les collègues ont l'impression d'être testés par des voyous qui jaugent les forces en présence. C'est un round d'observation», estime une source policière dans Le Figaro. «Mais si ça continue, un collègue va se faire enlever et tuer», craint une autre.
Trafic de drogue
Outre cette vidéo qui a provoqué l’embrasement de la cité, la police rappelle que les deux frères interpellés le 2 septembre étaient bien connus pour leur implication dans le trafic de drogue.
«La vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux est utilisée par les dealers. C’est un affrontement quasi politique pour empêcher les collègues d’intervenir dans le quartier. C’est un prétexte lancé. Nos collègues dérangent simplement les trafics», expliquait mardi à Sputnik Claude Carillo, secrétaire régional d’Alliance 91.
Depuis fin juillet, de nombreuses opérations ont permis le démantèlement de plusieurs points de deal. La forte présence policière sur les lieux nuit également au trafic qui, d’après Le Figaro, pourrait générer jusqu’à 60.000 euros par jour. Mais elle agace également les autres habitants.
«Ils font 30 rondes par jour ici et aucune ailleurs, c'est du harcèlement», se plaint, toujours dans Le Figaro, un employé municipal originaire des Tarterêts.
«Ça ne s'arrêtera jamais. Les flics le savent et tout ce qu'ils veulent, c'est nous narguer. Nous, on est bien ici, on veut juste être tranquilles», témoigne un jeune de 16 ans.
Quelles solutions?
Depuis lundi, la mairie de Corbeil-Essonnes multiplie les rencontres entre les mères de la cité et des responsables de la police, en vain. De son côté, le collectif Gilets roses estime qu’il nuit, à sa façon, aux trafiquants depuis qu’il a été créé il y a deux ans.
«Ils se cachent, on ne les voit plus car on fait des rondes pour les mettre dans le droit chemin», assure Mme Sy. «Nous, on est des mamans. Les enfants nous écoutent. On est là et on se bat pour nos enfants et pas contre la police», témoigne une autre membre du collectif sur France 3 Paris Île-de-France.