Entre 1990 et 2018, 14 cas de sclérose latérale amyotrophique (SLA) ont été diagnostiqués chez des habitants ou des personnes ayant une résidence secondaire dans un hameau de montagne des Alpes françaises. Le champignon toxique fréquent dans les forêts d'altitude, Gyromitra gigas ou fausse morille, l’a causé, indique une équipe franco-américaine de chercheurs.
Aussi connue comme maladie de Charcot, la SLA est considérée comme «la maladie rare la moins rare» et son taux d’incidence annuelle s’établit à 2,5 cas pour 100.000 habitants en France.
Pour étudier les origines de cette maladie qui apparaît généralement entre 50 et 70 ans, les scientifiques ont analysé le milieu naturel dans lequel vivaient les malades (sol, eau, air), ainsi que les légumes qu’ils cultivaient. À ce stade, aucune réponse n’a été trouvée. Les causes génétiques ont été écartées dès le début.
Si certains malades fumaient ou s’adonnaient à l'athlétisme, leurs habitudes quotidiennes n’ont pas eu de lien avec la maladie de Charcot.
En coopération avec le toxicologue à l'université de l'Oregon Peter Spencer, les chercheurs français ont décidé de se pencher sur le régime alimentaire des malades. Un lien entre les 14 malades a finalement été trouvé.
«Tous les patients ont consommé des champignons sauvages, à savoir la fausse morille», rapportent les auteurs de l’enquête qui a duré une dizaine d’années.
Signes d’intoxication
La fausse morille peut être fatale une fois consommée crue, mais ses capacités toxiques peuvent être atténuées grâce au mode de préparation. Parmi les symptômes de l’intoxication figurent les nausées, les vomissements et la diarrhée, ainsi que la fièvre ou convulsions (cinq à 48 heures après ingestion), précise la Société française de médecine d'urgence (SFMU).
La découverte du champignon dans le régime alimentaire des patients s’inscrit dans l’hypothèse selon laquelle ses toxines «peuvent induire une dégénérescence des motoneurones», selon les chercheurs.
En Finlande, la fausse morille est un mets prisé dans une région ayant connu un essor de la SLA, ajoute le magazine Sciences et Avenir.