Alors qu’une cinquième nuit d’émeutes à embraser le quartier des Tarterêts, malgré une tentative de conciliation, la séquence qui a déclenché les violences urbaines continue de faire parler d’elle.
Ce 2 septembre, les forces de l’ordre avaient en effet interpellé un jeune homme, soupçonné d’avoir participé à un rodéo urbain. Durant l’arrestation, la mère du suspect avait essayé d’intervenir et s’était vue repousser à l’aide d’une bombe lacrymogène. La séquence filmée n’a pas tardé à faire le tour des réseaux sociaux, exacerbant les tensions dans ce quartier difficile, gangrené par le trafic de drogues.
Ces images ont suscité la colère chez certaines mères des Tarterêts, qui ont organisé une marche de protestation. Avant qu’une rencontre ne soit finalement organisée entre habitants et policiers, à l’instigation du maire, Bruno Piriou (DVG), rapporte Le Parisien.
«Ce qui est arrivé n’est pas normal. Nous ne voulons pas de George Floyd ou d’Adama Traoré à Corbeil […] Cette maman est humaine, elle a vu son fils au sol, elle a voulu le voir. Ce qui lui est arrivé peut toutes nous arriver. Elle élève seule ses enfants, elle ne méritait pas qu’on la gaze», explique au quotidien Fatimata Sy, présidente du collectif des Gilets roses.
Si le commissaire d’Évry, Patrick Visser-Bourdon, a présenté des excuses suite à l’incident, cette tentative d’apaisement ne semble pas avoir porté ses fruits. Dix minutes après la réunion, une voiture de police a en effet été visée par des projectiles, dont un cocktail Molotov. Les émeutes ont repris pendant une heure, avec l’installation de barricades.
Une vidéo biaisée?
Du côté des syndicats de police, il est mis en avant une interpellation difficile, perturbée par l’arrivée de la mère du suspect, mais aussi par celle d’un grand frère, venu invectiver les forces de l’ordre.
«Ils ont dû se mettre à quatre pour arrêter le suspect. La mère est arrivée et a fondu sur eux. Un collègue a légèrement appuyé sur la bombe lacrymogène pour la tenir à l’écart. Un frère est ensuite intervenu pour invectiver les collègues, et a lui-même dû être interpellé. C’est quand même une famille qui s’oppose à l’interpellation», explique ainsi à Sputnik Claude Carillo, secrétaire régional d’Alliance 91.
Une séquence qui n’apparaît visiblement pas dans la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Pas une surprise pour le responsable syndical, qui dénonce des images instrumentalisées par les trafiquants, alors que les opérations pour démanteler les points de vente se multiplient.
«La vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux est utilisée par les dealers. C’est un affrontement quasi politique pour empêcher les collègues d’intervenir dans le quartier. C’est un prétexte lancé. Nos collègues dérangent simplement les trafics», déclare ainsi à Sputnik Claude Carillo.
Face à l’ampleur prise par les émeutes, le responsable regrette encore le manque d’effectifs sur place. Des compagnies de CRS extérieures au département ont en effet dû être appelées en renforts pour tenter de maîtriser la situation.
Les violences urbaines se sont peu à peu étendues aux communes limitrophes d’Évry-Courcouronnes et de Grigny. La nuit du 6 au 7 septembre s’est encore soldée par plusieurs feux de poubelles et des destructions de caméras de surveillance, rapporte l’AFP. Deux policiers ont été légèrement blessés et quatre interpellations ont eu lieu.