Grâce aux sanctions: le développement de l’agriculture russe renforce sa position dans le monde, estime FT

Grâce à ses ventes de céréales et de viande à de nombreux États, la Russie renforce sa position sur l’échiquier mondial, estiment plusieurs experts cités par le Financial Times. Le pays a fait un long chemin en 20 ans pour devenir l’un des plus grands exportateurs de céréales. Et il ne compte pas s’arrêter là.
Sputnik
Vingt années de labeur de la Russie ont été couronnées de succès. En effet, elle est devenue l’un des plus grands exportateurs de céréales, analyse le Financial Times.
Le pays progresse en Eurasie, en Afrique et en Amérique latine en tant que leader des exportations agricoles, réduisant petit à petit sa dépendance aux hydrocarbures, s'ouvrant d'autres marchés et obtenant de nouveaux succès diplomatiques internationaux, assure l’article.
Les exportations de céréales et de viande ont renforcé la présence de la Russie dans les pays en développement, en particulier dans les États voisins, ou fermés au point que la logistique n'est plus un obstacle, estiment les analystes. D’après les calculs de l'Onu, le monde devra augmenter de 40% sa production alimentaire d'ici 2050 simplement pour nourrir les humains sur notre planète, qui devrait accueillir deux milliards d'individus supplémentaires au cours des 30 prochaines années.
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La production russe de pétrole brut satisfait la demande mondiale à hauteur de 10%, tandis que dans les années 1990, après la chute de l'Union soviétique, elle dépensait ses revenus pétroliers pour importer de quoi nourrir sa population, rappelle le média. En citant l'un des responsables présents lors d'une réunion en 2000 quand Vladimir Poutine est devenu Président, le Financial Times relate que le nouveau chef d’État avait été choqué par les chiffres qui lui avaient été donnés concernant les importations russes.
Pourtant, aujourd'hui la Russie est presque autosuffisante en tout, du grain au fromage. Selon Rusagrotrans, elle pèse pour le blé un tiers des importations au Moyen-Orient et en Afrique, 10% en Asie et un cinquième du marché mondial.

Les sanctions et leur impact

En 2004, Poutine a lancé un programme national de développement agricole, avec d'autres projets visant à stimuler le financement et la production. L'objectif était de garantir une autosuffisance de 80 à 95 % des denrées clefs et des grains.
Les sanctions avec lesquelles l'Occident a tenté d'étouffer l'économie russe n'ont fait qu'encourager les producteurs, constate le Financial Times. Peu après les restrictions, en 2017, la Russie a pour la première fois dépassé, en matière d'export de blé, les États-Unis et le Canada. Les mesures de rétorsion prises par le Kremlin et l'interdiction d'importation de la plupart des aliments occidentaux ont donné aux producteurs nationaux une stimulation supplémentaire.
En 2020, la Russie a réalisé la deuxième plus grande récolte de céréales de son histoire, avec 133,465 millions de tonnes brutes et 85,896 millions de tonnes de blé. Le record date de 2017 avec 135,539 millions de tonnes brutes, dont 86,003 millions de tonnes de blé. Le pays devrait rassembler 127,4 millions de tonnes en 2021, parmi lesquelles 81 millions de tonnes de blé.

Quel rôle joue le climat?

La Russie a bénéficié, d'une part, du fait que la crise financière et les conditions météorologiques défavorables ont dévasté les récoltes de ses principaux concurrents. Pour les producteurs américains de céréales, l'année 2019 a été l'une des pires de leur histoire en raison de la faible rentabilité et de la bataille commerciale avec la Chine. Selon le département américain de l'Agriculture, la production de blé a été particulièrement touchée. Les feux de forêt en Australie ont conduit à une baisse des rendements, et les exportations de blé devraient chuter de 17% au cours de l'année à venir, calcule le Financial Times.
En Russie, le changement climatique ouvre de nouveaux champs à l'agriculture avec la fonte du permafrost dans le nord. Dans une certaine mesure, cela compensera la sécheresse dans le sud du pays.

Le compromis avec l’Arabie Saoudite

L'accord de la Russie sur la réduction de la production de pétrole avec l'Opep en 2016 a été largement un compromis avec l'Arabie Saoudite. Riyad a obtenu des prix du pétrole stables dans la gamme de prix souhaitable, et Moscou a accepté ce compromis, diminuant sa production et augmentant les coûts du pétrole plus que ce qu'elle voulait, indique l'analyste financière de TS Lombard Madina Kristaleva. En échange, l'Arabie saoudite lui a ouvert son marché pour la viande de poulet et les céréales.
Ainsi, Riyad s'est récemment porté acquéreur de blé russe de haute qualité. Selon Rusagrotrans, le principal transporteur ferroviaire russe de céréales, cela représente 10% des importations de céréales saoudiennes, principalement de l'orge pour 2,7 millions de tonnes sur les années 2017-2018. La Russie a envoyé un premier lot de blé de plus de 60.000 tonnes en Arabie saoudite en 2020. Certains analystes estiment que les revenus des céréales compensent en partie les pertes dues à la chute de la production pétrolière pour la Russie, ajoute le média. Toutefois, l'agriculture équivaut actuellement à seulement 4% du PIB russe, contre 15% pour le pétrole et le gaz.
La production agricole de la Russie a augmenté de près de 50% depuis 1991, indique le Financial Times. Ces 12 derniers mois, les exportations ont plus que triplé, dépassant les 30 milliards de dollars, soit un cinquième de plus qu'en 2019. Les exportations agricoles sont les plus importantes, et les principaux acheteurs sont l'Égypte et la Turquie.
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