«L’OMS est en train d’apporter un appui technique important pour l’initiative de la création des hubs de production de vaccins au niveau du continent africain»: c’est ce qu’a déclaré à Sputnik jeudi 2 septembre le Dr Richard Mihigo, coordinateur du programme de vaccination et de développement des vaccins au Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Afrique.
C'était lors d'une conférence de presse qu'il animait avec le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Le premier de ces hubs verra le jour en Afrique du Sud, où l’OMS travaille avec un consortium -réunissant notamment Biovac et Afrigen Biologics and Vaccines- à la mise en place d'un centre de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm contre le Covid-19. Ce pays s'était déjà lancé dès juin dernier dans la production locale de vaccins à vecteur viral (Janssen) avec une première livraison, début août via l'Union africaine, de 118.000 doses au Togo.
«Le hub va également servir de cadre de formation pour la production des vaccins utilisant notamment la technologie de l’ARNmessager. L’OMS interviendra dans le renforcement des capacités dans le cadre du hub qui est en train d’être installé en Afrique du Sud. Et plus tard, dans d’autres pays en collaboration avec nos collègues de l’Union Africaine», a expliqué Richard Mihigo.
D’après lui, le processus d’installation des hubs «va prendre un bon bout de temps», mais il espère que «dans les 10 à 18 mois à venir», l’Afrique pourra «avoir une capacité installée pour la production des vaccins à travers ce hub de l’Afrique du Sud».
Jusqu’à présent, la quasi-totalité des vaccins qu'on retrouve sur le continent africain sont disponibles grâce à la plateforme Covax (initiée par l’OMS et ses partenaires pour assurer un accès équitable à la vaccination contre le Covid-19 dans près de 200 pays) et à l’Union africaine.
L'objectif de l'OMS est donc de combler le manque de disponibilité de vaccins sur le continent africain. En effet, d’après un communiqué de l’OMS publié en mai 2021, l’Afrique a besoin de plus de 200 millions de doses «pour que le continent puisse vacciner 10% de sa population» en 2021.
Or, au 19 août 2021, indique un autre communiqué de l’agence onusienne paru à cette date, l’Afrique de l’Ouest, à titre d'exemple, n’a «reçu qu’environ 29 millions de doses de vaccin, soit presque autant que dans la zone Afrique de l’Est et australe».
Le Sénégal et le Rwanda
Richard Mihigo a également affirmé qu’un certain nombre d'autres pays pourraient constituer à l'avenir des hubs de production de vaccins contre le Covid-19.Il faut dire que l'Égypte s'était déjà lancée dans la fabrication locale en produisant, le 29 juin dernier, 300.000 doses du vaccin chinois Sinovac. Les Algériens et les Marocains sont également concernés par une production locale de vaccins qui devrait débuter prochainement.
En Afrique subsaharienne, le Sénégal et le Rwanda viennent de «signer [le 27 août dernier] des accords de partenariats pour installer des capacités locales de production de vaccins à ARNmessager», a affirmé Richard Mihigo à Sputnik.
«Dans ce processus [de production de vaccins "made in Africa", ndlr] l’OMS est en train de jouer un rôle de facilitateur important, et un rôle de renfort de capacité pour être sûr que les agences nationales de réglementation des vaccins qui devront autoriser [la production de] ces vaccins soient à même de le faire» a soutenu le médecin.
L’engagement des pays africains dans ce processus de production locale avait également été au cœur de la 71e session du Comité régional Afrique de l’OMS, qui s’était tenue du 24 au 26 août dernier en mode virtuel depuis Lomé.
«Des études sont également en cours dans d’autres pays pour renforcer la production locale des vaccins contre le Covid-19», affirmait à Sputnik à la fin des travaux le Dr Fatoumata Binta Tidiane Diallo, représentante résidente de l’OMS au Togo.
L’objectif de l'OMS, a-t-elle poursuivi, c'est «de se battre pour que cette production des vaccins soit totalement faite dans la région africaine de manière à les rendre accessibles et disponibles pour tous. Et quand ce sera fait, nous pourrons effectivement souffler un peu», a-t-elle ajouté.
Vaincre les réticences
Mais l'autre défi réside dans «la bonne acceptation des vaccins», d'après la représentante de l'OMS au Togo.
Et pour cause, «les fake news et la désinformation» sur les réseaux sociaux ont rendu jusqu’à présent «difficile» l’adhésion des populations aux vaccins contre le Covid-19.
Il faut «arriver à faire comprendre aux réticents que la vaccination est vraiment importante pour arrêter cette pandémie», insiste-t-elle.
«C’est important que la population africaine comprenne que tout le monde doit se faire vacciner pour atteindre l’immunité collective. C’est là seulement que la bataille contre ce virus sera gagnée», a ajouté Fatoumata Binta Tidiane Diallo.
Au 1er septembre 2021, le Covid-19 a déjà fait 197.150 morts sur le continent africain, sur 7.816.222 cas positifs enregistrés.