Les producteurs de smartphones, notamment Apple, peuvent analyser les données et fichiers personnels de leurs clients, a déclaré ce jeudi 2 septembre Edward Snowden, ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA), lors d’un marathon en ligne organisé à Moscou.
«À présent, ils disent à votre appareil ce qu’il doit rechercher. S’ils y trouvent quelque chose d’illégal, comme de la pédopornographie […], ils le marquent comme tel. Mais plus tard, ils peuvent ajouter d’autres catégories et vous ne saurez pas ce qu’ils recherchent», a indiqué M.Snowden.
À un moment donné, la société américaine pourrait «franchir le Rubicon» et commencer à rechercher des informations financières et «politiques gênantes», a-t-il estimé.
En cas de succès, la technologie échapperait au contrôle des fabricants
De plus, si Apple démontre sa capacité d’accéder aux données sur les smartphones, le groupe ne sera plus celui qui décide des conditions d’utilisation de cette technologie, a poursuivi M.Snowden:
«Même si vous faites confiance à Apple et croyez qu’ils ne le feront jamais, dès qu’ils créent un précédent […], ils perdront le droit de dire qu’ils ne le feront jamais. Ce ne sera plus une question relevant de la société Apple, la décision dépendra du gouvernement et de l’exécutif. Réfléchissez, est-ce qu’Apple pourra dire non aux gouvernements américain, russe, chinois, allemand, français ou britannique?», a insisté M.Snowden.
À son avis, la réponse à cette question est non, si Apple souhaite toujours vendre ses appareils dans ces pays.
En général, le marché naissant des technologies de piratage de smartphones met en péril la vie privée et la sécurité de leurs utilisateurs, estime l’ancien agent de la NSA, qui avait déclenché en 2013 un scandale international en transmettant des documents classifiés aux médias concernant les programmes de surveillance des services de renseignement américains et britanniques sur Internet.
«Nous avons besoin d’une industrie qui rende notre vie plus sûre, mais le niveau de sécurité ne fait que baisser, c’est un problème colossal.»
Le Rubicon déjà franchi en Australie
En août, le Sénat australien a annoncé avoir adopté une loi permettant à la police d’espionner en ligne les suspects, de collecter ou supprimer leurs données et de s’emparer de leurs comptes sur les réseaux sociaux.
En vertu de cette loi, toute personne ayant une «connaissance pertinente» de l'ordinateur ou du réseau pourrait être contrainte à aider la police à se livrer à ce piratage et tout refus de coopérer peut être passible d'une peine de 10 ans de prison.