Les églises de France ne cessent d’être victimes d'un inquiétant vandalisme et d’attaques. Ce week-end, encore au moins deux actes contre des lieux de culte ont eu lieu en France.
Un feu s’est déclaré dans une salle d'un temple protestant de Behren-lès-Forbach, en Moselle, dont l’origine est considérée comme criminelle, selon les premiers éléments de l’enquête, relate la Voix du Nord samedi 28 août. Il n'y a pas eu de blessés. À cause de la pandémie, aucune cérémonie n’a eu lieu depuis des mois dans ce temple. Au moins 15 sapeurs-pompiers ont été mobilisés pour éteindre l'incendie. Pour l’heure, les forces de l’ordre n’ont fait aucune interpellation. Une enquête a été ouverte et confiée à la gendarmerie.
Gérald Darmanin a réagi à cet acte de vandalisme en condamnant «l’incendie volontaire de l’église».
«Je condamne fermement les dégradations et l’incendie volontaires de l’église protestante de Behren-lès-Forbach. Tout est mis en œuvre pour retrouver les auteurs de cet acte insupportable. Soutien aux protestants de France», a-t-il écrit.
Une autre affaire a eu lieu ce dimanche 29 août à Paris. Un homme portant une arme à feu dans sa poche a été signalé par un prêtre d’une paroisse dans le XIXe arrondissement, relate La Dépêche.
L’homme a raconté qu’après une conversation avec le suspect armé qui a exprimé sa volonté de revenir pour la messe le jour même, il a alerté la police. Les forces de l’ordre ont réussi à interpeller le suspect plus tard. Les policiers ont trouvé dans sa sacoche un revolver de calibre .44 chargé de deux cartouches. Il s’est avéré qu’il était connu par le passé pour des faits de droit commun, mais n’était pas connu des services de renseignement. Le suspect a été placé en garde à vue au commissariat du XIXe qui a été saisi de l'enquête.
Le ministre de l’Intérieur a déjà réagi à cette intervention de la police en félicitant les forces de l’ordre pour leur travail efficace et rapide.
«Dans la République, on doit pouvoir pratiquer sa religion en toute sécurité. J’ai donc décidé de renforcer la surveillance aux abords des lieux de culte. Merci aux effectifs de police pour leur intervention rapide et efficace», a écrit Gérald Darmanin sur Twitter.
Les églises ciblées en France
Les attaques contre les églises chrétiennes en France ne sont pas un phénomène nouveau.
En 2019, Édouard Philippe avait fait savoir avoir été choqué après qu’en une semaine seulement cinq églises ont été visées en France.
«Dans notre République laïque, on respecte les lieux de culte. De tels actes me choquent et doivent être unanimement condamnés. Je le dirai aux évêques de France lors de la réunion de l’instance de dialogue avec l’Église catholique», avait-il écrit suite à une série de dégradations d'églises en février 2019.
Alors que, dans le contexte des derniers événements, Gérald Darmanin avait demandé aux préfets de renforcer la surveillance des églises, le nouveau plan national de prévention de la radicalisation de 2018 compte déjà 60 mesures à appliquer, dont notamment d'impliquer les acteurs de l'Internet, de développer les contre-discours, ainsi que de compléter le maillage détection-prévention dans les administrations.
«Ce cadre général qui vise à protéger l'ensemble de la collectivité s'accompagne de dispositions particulières de prévention au profit des communautés religieuses contre lesquelles ont été recensés 1.593 faits en 2018», a indiqué le ministère de l'Intérieur en 2019 en réponse au Sénat qui l’avait interrogé sur les mesures mises en place face à la recrudescence d'actes de vandalisme christianophobes.
Les attaques contre les églises ne sont pas toujours meurtrières, mais souvent des délinquants agissent sous forme de dégradations, de vandalisme ou de vols organisés dans les lieux de culte.
Notamment, selon des données relayées par L’Express, 129 vols et 877 dégradations ont visé en 2018 des lieux de culte catholiques sur l'ensemble du pays.
«Les services du ministère de l'Intérieur sont particulièrement vigilants à l'égard de l'évolution de la délinquance touchant les communautés religieuses et tout acte pénalement répréhensible fait systématiquement l'objet d'une enquête judiciaire diligentée par les services de police ou de gendarmerie», avait répondu le ministère à une députée qui appelait le gouvernement à la protection des églises en 2019.
Selon les données de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), le nombre de faits antichrétiens ne baisse pas, mais reste «stable sur l’année, avec 1.052 faits recensés en 2019, qui se décomposent en 996 actions et 56 menaces».
«Le ministère de l’Intérieur œuvre activement pour qu’un cadre adapté et un accueil personnalisé soient offerts aux témoins et aux victimes, afin que les infractions de haine soient systématiquement dénoncées», conclut la DILCRAH.