«L’automobiliste est la cible aujourd’hui, ça fait bien de l’attaquer: on a l’impression que l’on se repeint en vert, que l’on fait de l’écologie!» tacle d’emblée Pierre Chasseray.
Le délégué général de l’association 40 Millions d’automobilistes ne décolère pas: depuis ce lundi matin 30 août, les Parisiens devront lever le pied. Et pour cause, la vitesse maximale autorisée est passée de 50 km/h à 30 km/h dans les artères de la capitale, à quelques exceptions près. À savoir notamment, l’avenue des Champs-Élysées qui restera à 50 km/h, ou encore le périphérique, où la vitesse de circulation maximale est toujours fixée à 70 km/h.
En appliquant cette mesure, Paris rejoint les 250 autres villes de l’Hexagone, comme Lille ou Grenoble, qui ont imposé cette limitation sur la majorité de leurs axes.
Pour la mairie de Paris, il s’agit d’améliorer la sécurité routière: «La baisse de la vitesse autorisée sur les routes permet, en moyenne, de réduire le nombre d’accidents corporels d’environ 25%. Cette réduction peut atteindre plus de 40 % pour les accidents graves et mortels», argue la municipalité sur son site. De plus, une réduction de 20 km/h de la vitesse des usagers de la route permettrait «de diviser par deux le bruit (de l’ordre de –3 décibels) aux abords des voies de circulation», ajoute la mairie. En outre, cette décision aurait un impact positif sur la «cohabitation des mobilités» au sein de la ville, entre piétons, cyclistes, automobilistes, etc.
Un énième coup de com’ d’Hidalgo?
Des arguments loin de convaincre Pierre Chasseray. En effet, celui-ci souligne que, avant cette mesure, 60% des rues de la capitale étaient déjà limitées à 30 km/h, «mais la règle n’est pas respectée». De toute façon, bouchons et travaux obligent, dans les faits, la vitesse moyenne se situe à hauteur de 12 km/h.
«En fait, la mairie de Paris fait uniquement de la communication, en donnant la sensation de mettre en place une mesure de sécurité alors que… pas du tout! Cette mesure ne sera pas contrôlée, tout comme d’ailleurs la limitation à 50 km/h n’était pas contrôlée dans Paris.»
Par ailleurs, certains opposants à cette mesure ont fait valoir une étude récente du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA). Selon l’organisme lié au ministère de la Transition écologique, une voiture émet plus de gaz à effet de serre à 30 km/h qu’à 50 km/h!
Des conclusions à nuancer. Les auteurs du rapport précisent: «Ces résultats ne sauraient être assimilés à des conditions de circulation à vitesse constante, ni à des conditions de circulation dans des zones à vitesses limites autorisées, notamment en agglomération (zone 30 par exemple).»
Le symbole du parisianisme?
Ainsi, le CEREMA rappelle que le premier facteur influençant les émissions n’est pas la vitesse mais l’accélération.
«Si je prends le territoire de Grenoble Métropole en trois ans après l'installation du 30 km/h généralisé, j'ai 9% de trafic voiture en moins. Donc autant de véhicules thermiques qui n'émettent plus de pollution. Donc, globalement, je devrais être gagnant», expliquait, sur France Inter, Benoît Hiron, responsable de la sécurité des déplacements au CEREMA.
En clair, réduire la vitesse en ville pourrait décourager les Français de prendre leur voiture. Après la piétonisation de certains axes, les zones à trafic limité (ZTL), cette limitation poursuit donc le travail d’Anne Hidalgo visant à réduire la place de l’automobile dans la capitale. «Nous faisons ce que les Parisiens attendent de nous, tout simplement», a résumé au JDD David Belliard, adjoint chargé des mobilités, de la voirie et de la transformation de l'espace public. Des décisions que fustigent Pierre Chasseray: «On séduit un électorat et on oublie tous ceux qui habitent en dehors de Paris, notamment sur la banlieue, et qui sont touchés directement par les mesures.»
«C’est un choix purement populiste. Anne Hidalgo essaie de séduire uniquement son électorat parce qu’elle sait que six Parisiens sur dix n’ont pas de voiture. Ce qui se traduit dans les études, parce que l’on s’aperçoit que six Parisiens sur dix sont favorables aux 30 km/h.»
En effet, pour justifier cette disposition, l’équipe municipale s’appuie sur la consultation qu’elle a organisée entre le 27 octobre et le 27 novembre 2020. Sur les 5.736 Parisiens qui se sont prononcés, 59% ont approuvé cette réduction de vitesse.