Contrôle ayant dégénéré à Stains mi-août: malgré une information judiciaire, les agents de la BAC continuent d'exercer

Deux policiers de la brigade anticriminalité (BAC) qui avaient ouvert le feu sur un automobiliste ayant refusé un contrôle à Stains, en Seine-Saint-Denis, font l'objet d'une information judiciaire mais continuent d’exercer. Le parquet a écarté «l’intention d’homicide».
Sputnik
Après que des agents en civil ont tiré dans la nuit du 15 au 16 août sur une voiture, blessant deux de ses occupants lors d’un contrôle à Stains, en Seine-Saint-Denis, une information judiciaire a été ouverte le 24 août pour «violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique», selon le représentant du parquet de Bobigny, cité par Le Parisien.
L’instance a confirmé que trois policiers de la brigade anticriminalité de Stains avaient fait usage de leurs armes de service lorsque deux individus avaient refusé d’obtempérer et avaient tenté de les renverser. Le conducteur et son passager avaient alors été transportés à l’hôpital avec un pronostic vital engagé tandis que les deux fonctionnaires avaient aussi été blessés.
Une enquête administrative a également été ouverte, cependant elle «reste pendante, le temps de l’instruction et de la décision judiciaire», a indiqué la préfecture de Paris le 27 août, citée par le quotidien.
Selon le média, aucune mesure n’a pour le moment été prise à l’encontre des agents de la brigade anticriminalité de Stains soupçonnés d’avoir gravement blessé un automobiliste et sa compagne.
Un temps placés en garde à vue pour «tentative d’homicide volontaire», avant que le parquet n’écarte «l’intention d’homicide», les deux policiers sont ressortis libres après avoir été auditionnés.

Toujours hospitalisés

Le Parisien précise que les occupants du véhicule, de 37 et 39 ans, sont toujours hospitalisés avec des blessures importantes. Le premier s’est vu prescrire une incapacité temporaire totale de travail (ITT) de 90 jours, et 100 jours pour l’autre.
«L’enquête continue avec plus ou moins de succès, a ajouté le représentant du parquet de Bobigny, cité par le quotidien. Pas-à-pas de géant, comme dans tous les dossiers où quelqu’un est grièvement blessé». Pour l’instant, seule la femme a pu être entendue la semaine dernière par l’IGPN.

Un rassemblement de soutien aux victimes

Le 21 août, une marche pacifique a eu lieu à Stains en soutien aux blessés, notamment au conducteur, par leurs familles, indique Le Parisien. Une petite centaine de proches, amis, habitants, membres de collectifs y ont pris part.
Une enquête a été ouverte à l’encontre des deux victimes, résidant dans le Val-d’Oise, pour «refus d’obtempérer» et «tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique».
D’après le média, à son tour, l’avocat du blessé, Yassine Bouzrou, a dit avoir «demandé le dépaysement» de l’affaire et porté une plainte pour «tentative d’homicide volontaire» et «faux en écriture publique».

Un autre contrôle dégénère mi-août

Après l’incident concerné, un autre fait similaire a eu lieu le 17 août. Deux motards de la Police nationale ont fait usage de leurs armes, cette fois-ci sur une voiture qui refusait de se laisser intercepter à Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Les agents ont tenté sans succès de contrôler le véhicule, qui les a entraînés dans une folle course-poursuite, débuté dans le Val-de-Marne.
Le phénomène des courses-poursuites a explosé depuis quelques années dans l’Hexagone, tout comme celui des rodéos urbains. Face aux fuites de conducteurs, certains commissariats envisagent même d’interdire aux fonctionnaires d’intervenir.
Début juin, une note interne de la commissaire de Sarcelles avait enjoint aux agents de ne réaliser «aucune prise en charge» si un véhicule n’obtempérait pas lors d’un contrôle. La décision avait suscité un tollé chez les syndicats.
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