Quand l’Otan assurait juste avant l’attentat à Kaboul qu’il avait réussi à empêcher les terroristes de s’y implanter

La mission de l’Otan en Afghanistan consistait en la protection des USA et elle a été remplie, estimait Jens Stoltenberg la veille de l'attentat à Kaboul revendiqué par Daech*. Malgré la présence de l’État islamique* dans le pays, il juge que l'Alliance a empêché les terroristes de s’y implanter et de menacer ses membres.
Sputnik
«Cela brise le cœur de voir la souffrance, la tragédie que subit l'Afghanistan», a reconnu Jens Stoltenberg lors d'une interview par visioconférence accordée mercredi 25 août à un petit groupe de médias européens, dont le quotidien espagnol El Pais.
Malgré les critiques de ces derniers jours, le secrétaire général de l'Otan défend l'Alliance et assure que «l'Afghanistan ne change rien», puisque pour lui la mission consistant en la protection des États-Unis ainsi qu'à empêcher les terroristes de s’installer dans le pays et de menacer l’Alliance a été accomplie.
«La raison pour laquelle nous sommes allés en Afghanistan était de prévenir les attaques contre les États-Unis et d'autres alliés, et pendant 20 ans, nous avons empêché l'Afghanistan d'être un sanctuaire pour les groupes terroristes qui pourraient planifier et organiser des attaques contre les pays de l’Otan. C’était une réalisation importante. Le plan n’était pas de rester là pour toujours», explique Jens Stoltenberg aux journalistes qui demandaient si les États-Unis restaient un allié crédible malgré leur retrait d’Afghanistan.
De plus, tandis que le secrétaire général a reconnu que l’utilisation de la force armée dans les autres pays n’était pas toujours claire et qu’il s’agissait d’une «décision difficile», il a toutefois ajouté que «l’Otan [devait] être prête à utiliser à nouveau la force militaire».
«Quoi qu'il arrive en Afghanistan, l'Europe et les États-Unis doivent rester ensemble. […] Nous devons rester unis parce que nous sommes confrontés à un rééquilibrage mondial des puissances, à une Russie plus agressive et à la montée de la Chine. Tant que l'Europe et les États-Unis resteront ensemble, nous pourrons gérer ces défis», ajoute-t-il.

La menace terroriste

Interrogé sur les dates du retrait, particulièrement quant à la probabilité de laisser des forces armées en Afghanistan pour évacuer plus de gens, Jens Stoltenberg a évoqué le danger d'attentats perpétrés par des groupes terroristes qui d’après lui, seraient provoqués par cette prolongation.
«Cela a été discuté entre les alliés et tout le monde a vu la nécessité d'avoir le plus de temps possible pour évacuer le plus de personnes possible. Mais nous nous sommes retrouvés face au dilemme que plus longtemps nous restons, plus il y a de risques d'une attaque terroriste, surtout si nous restons après le 31 août sans le consentement tacite de la part des talibans*. […] Ce n'est pas un danger théorique, mais un danger très réel. C'est pourquoi nous devons évacuer le plus de personnes possible dans les jours à venir», a détaillé le secrétaire général de l’Otan à la presse.
Alors que l’homme politique avait avancé ces propos le 25 août, plusieurs explosions se sont produites le lendemain près de l'aéroport de Kaboul. Pour sa part, le mouvement taliban*, qui s'est emparé du pouvoir en Afghanistan dix jours plus tôt, a condamné ces attaques revendiquées par une filiale afghane de Daech*, selon les médias. D'après les informations relayées par CBS, ce double attentat a fait au moins 170 morts, dont 18 soldats américains, et plusieurs blessés.
Qui plus est, l'une des explosions a notamment eu lieu près de l'hôtel Baron où étaient rassemblés des étrangers attendant leur évacuation d'Afghanistan. Par la suite, d’autres déflagrations ont retenti plus tard dans la journée dans la capitale afghane. À son tour, Joe Biden a ordonné de préparer des frappes sur les leaders et les installations de l’organisation terroriste, jurant de pourchasser l’État islamique* -Province du Khorasan (ISKP). Il a, en outre, promis aux militaires de répondre favorablement à une éventuelle demande de renforts en cas de nécessité.
Ce vendredi 27 août, le porte-parole du Pentagone a par ailleurs confirmé que les plans des États-Unis n’avaient pas été modifiés en ce qui concerne la date butoir du retrait des forces armées d’Afghanistan, malgré les derniers événements survenus dans le pays.
«Nous prévoyons toujours de terminer cette opération à la fin du mois», a rassuré John Kirby, lors d'un briefing avec les journalistes.

L’évacuation

Les talibans* sont entrés dans la capitale de l'Afghanistan dimanche 15 août, entraînant la fuite du Président Ashraf Ghani. Cela a donné lieu à des scènes de panique, à en croire les vidéos diffusées sur Internet.
Depuis l’arrivée des talibans* à Kaboul, les évacuations de ressortissants étrangers et d’Afghans fuyant le nouveau pouvoir se poursuivent.
L’administration Biden s’est engagée à rapatrier près de 15.000 Américains, ainsi que d’offrir l’asile à 50.000-60.000 Afghans et leurs familles.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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