Piriac-sur-Mer, commune de plus de 2.000 habitants en Loire-Atlantique, héberge depuis quelques jours 88 réfugiés afghans. Si la mairie est ouverte à l’accueil des réfugiés, les modalités ont surpris, confiait le 26 août auprès de Franceinfo Loïc Chesnel, premier adjoint au maire de Piriac-sur-Mer (Loire-Atlantique).
«On ne nous a pas demandé notre avis […]. Je vais être franc, nous aurions aimé que ça se passe autrement. On ne nous a pas demandé comment organiser cet accueil», avance-t-il.
D’après lui, le 23 août, la mairie a reçu un appel de la préfecture et indiqué ne pas avoir de structure pour accueillir des réfugiés. Pourtant, le 24 août, la municipalité a reçu un coup de fil du directeur du centre de vacances du Razay (colonie de vacances qui avait terminé d’accueillir des séjours d’enfants), qui a dit qu’il serait prêt à les accueillir.
Le 25 août, les réfugiés, principalement des familles avec des enfants, sont arrivés à bord de deux bus.
«Nous aurions certainement pu accueillir quatre, cinq, six familles, pas 88 personnes d'un coup comme ça», poursuit l’adjoint de la commune.
Selon Ouest-France, les réfugiés devraient y rester un mois. Ces personnes vont également bénéficier de soins médicaux et psychologiques ainsi que de procédures accélérées de délivrance de visas pour pouvoir être régularisées en France.
La question afghane
La France a évacué une centaine de ressortissants et près de 3.000 Afghans au cours des deux dernières semaines.
L’accueil des réfugiés fuyant le régime taliban* fait l’objet de tensions au sein de la classe politique française, le RN mettant au point une pétition contre l’accueil et les partis écologiste et communiste militant pour.
Pour l’instant, une quarantaine de maires communistes, y compris de Gennevilliers, Brionne et Grigny, se sont engagés en faveur de cet accueil. Dans une tribune publiée le 23 août dans l’Humanité, ces édiles se disent «fidèles aux valeurs de notre République et à l’identité de la France, terre d’asile». De plus, une dizaine de maires écologistes, notamment de Grenoble et Lyon, s’est également associée à l’appel d’Emmanuel Macron suite à la reprise de Kaboul par les talibans* le 15 août.
D’après Clément Beaune, secrétaire d'État aux Affaires européennes, la France est prête à accueillir «un certain nombre, quelques milliers sans doute», de réfugiés. Parmi eux se trouvent des militants des droits de l’homme, des personnes «qui parlent notre langue» et qui risquent de mourir en Afghanistan, rappelait-il le 27 août sur l’Europe 1.
La question de l’accueil de réfugiés afghans a pris une autre tournure depuis la révélation du 23 août selon laquelle un groupe de cinq Afghans arrivés en France récemment faisait l’objet d’une surveillance dans le cadre de lois antiterroristes à cause de leurs liens présumés avec le régime taliban*, reconnus par l’un d’eux. Un autre était sorti de la zone de surveillance qui lui avait été imposée par le ministère de l'Intérieur et a été condamné le 25 août à 10 mois de prison avec sursis.
En 2020, la France a accordé le droit d’asile à environ 8.000 d’Afghans, cette nationalité étant la première parmi les demandeurs d’asile dans le pays.
* Organisation terroriste interdite en Russie.