L’un des sujets les plus discutés ces derniers jours dans les médias français et sur la scène politique est l'affaire des cinq Afghans accueillis sur le sol français ayant été placés sous surveillance par les autorités en raison de leur proximité présumée avec le mouvement fondamentaliste des talibans*. La candidate à la primaire EELV pour l'élection présidentielle Sandrine Rousseau a fait part d’une position particulière.
Invitée du Live Toussaint sur BFM TV le 24 août, la femme politique a reproché aux autorités le fait que «la France fait partie des pays qui accueillent le moins d'Afghans». Elle a noté que la France en était à 600 Afghans accueillis ou en passe d’être accueillis alors que l’Allemagne en était à 10.000 et le Canada à 20.000.
La France a les moyens d’assurer la surveillance, et elle doit les surveiller, souligne Mme Rousseau, évoquant ces cinq Afghans accueillis sur le sol français.
«Oui, il faut le faire pour nous protéger. Ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, c’est que là-bas, il y a des personnes civiles qui ont aidé les Français et les forces internationales qui risquent leur vie à l’instant où les talibans* arrivent chez eux, ils peuvent être tués», a-t-elle déclaré, appelant à ne pas «perdre [son] humanité juste par peur» car les Afghans sont en danger immédiat.
Toutefois, la candidate écologiste a lancé une proposition qui a attiré l’attention des internautes sur l’accueil de potentiels terroristes sur le territoire.
«Il y a des personnes qui sont dangereuses, de potentiels terroristes. Ce n’est pas parce qu’ils restent en Afghanistan qu’ils sont moins dangereux en vrai. Quelque part, les avoir en France, ça nous permet aussi de les surveiller», a-t-elle assuré.
Bien que la vidéo ne soit entrée dans les tendances que le lendemain sur Twitter, les réactions à cette proposition sont déjà arrivées du côté des politiques.
Député français du Groupe ID au Parlement européen, Gilbert Collard a ironisé en réponse à Sandrine Rousseau en affirmant qu’«à elle seule, [elle] a enfin trouvé le moyen de lutter contre le terrorisme: faire venir le terrorisme chez nous pour le surveiller».
«Quel asile de fous!», a tweeté Franck Allisio, vice-président du groupe RN en PACA.
Inquiétudes et réponses
Ce cas des cinq Afghans surveillés a soulevé une question importante: faut-il craindre des infiltrations de talibans* parmi les rapatriés d’Afghanistan? D’après Gérald Darmanin, tous les Afghans ramenés en France ont été «criblés par les services de sécurité» français à Abou Dhabi avant d'être amenés sur le sol français.
Alors que la polémique sur ce sujet est lancée, l'opposition a saisi la balle au bond.
Le porte-parole du Rassemblement national, Julien Odoul, a déclaré sur France Inter que «la France a déjà pris sa part», arguant que «les terroristes profit[aient] des autoroutes migratoires pour s’infiltrer et […] frapper».
Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand a appelé le gouvernement à «expliquer aux Français ce qui empêcherait d'expulser en urgence absolue ces individus», ajoutant que «le droit doit s'adapter aux besoins de notre sécurité. Pas l'inverse».
Enfin, le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a dénoncé «le risque» que «les talibans* [puissent] envoyer leurs soldats en France dans le flot de réfugiés.»
Invité ce mardi matin de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV/RMC, Gabriel Attal a réagi aux inquiétudes.
«Ce qui primera toujours, c'est la sécurité des Français», a assuré le porte-parole du gouvernement, soulignant que les Afghans accueillis en France «sont des personnes qui ont protégé la sécurité des Français qui étaient en Afghanistan».
M.Attal est revenu davantage sur le sujet le 25 août, à l'issue d'un Conseil des ministres. «Je tiens à être extrêmement clair, la France n’aura jamais à choisir entre ses devoirs humanitaires et sa sécurité. Nous le savons, de telles opérations n’acceptent aucun laxisme, et la sécurité des Français est depuis le premier jour notre première préoccupation», a-t-il déclaré.
*Organisation terroriste interdite en Russie