L’actuel maire de Paris sera-t-elle la première femme de l’histoire à l’Élysée (hormis la Pompadour)? Le Figaro fait état d’une déclaration «proche» de sa candidature à la douzième élection présidentielle de la Vᵉ République. Mais Paris n’est pas la France.
«Ses chances me semblent extrêmement faibles, voire nulles», tranche d’emblée Renan-Abhinav Moog*, ancien contributeur de la Fondation Jean-Jaurès, proche du Parti socialiste.
Pour le politologue, la première raison de cette situation délicate pour Mme Hidalgo réside dans «la gauche moins bien en point en 2021-22 qu’elle ne l’était en 2012».
«Pour espérer gagner, la gauche dans son ensemble a trois enjeux à dépasser: retrouver sa base historique, dépasser son socle et se rassembler. Malheureusement, à mon avis, Hidalgo ne coche aucune de ces cases», signale Renan-Abhinav Moog.
Il doute que l’élue soit «la mieux placée pour s’adresser aux classes populaires». Pour cette figure «clivante qui fait l’objet d’une couverture médiatique assez négative», il serait difficile de séduire de nouveaux électeurs. Un chantier urgent, si on tient compte de l’effondrement du PS lors des deux dernières élections: les 28,63% des voix au premier tour pour François Hollande en 2012 ont fondu jusqu’aux 6,36% des voix avec Benoît Hamon en 2017.
«Pour rassembler, si c’est Yannick Jadot qui remporte les primaires écologistes, on pourrait imaginer un rapprochement entre eux. Mais si c’est Éric Piolle ou Sandrine Rousseau, je vois mal leur rapprochement», explique notre intervenant.
Même si Anne Hidalgo et Éric Piolle (maire Europe écologie-les Verts de Grenoble), par leurs apparitions publiques, «suggèrent» leur proximité en vue de la campagne présidentielle, M. Moog «n’est pas convaincu» qu’une telle union puisse se traduire dans la réalité.
Et notre interlocuteur juge «encore plus improbable» une union entre le maire de Paris et l’insoumis Jean-Luc Mélenchon.
Qui peut «cocher les trois cases»?
Une «équation difficile» se pose au parti socialiste que la classe populaire a «déserté petit à petit depuis trente ans».
«Pour la gauche, ce n’est plus une question de personne. Et c’est dramatique pour elle. Je ne pense pas qu’actuellement la gauche est en capacité de reparler au gens à qui elle n’a pas parlé depuis trois décennies», estime l’ancien de Sciences Po.
Ne pas pouvoir retrouver sa base historique, «le cœur de l’électorat de gauche, la classe populaire», semble être un «handicap indépassable» pour l’analyste. Lequel poursuit: «Ça a donné le 21 avril 2002 avec l’élimination de Lionel Jospin au premier tour et ça va donner Marine Le Pen à 20-25% actuellement.»
«Le second handicap, c’est le rassemblement. À mon avis, il ne sera pas surmonté parce que l’ego joue énormément. On l’a vu aux européennes de 2019: l’ensemble de la gauche a pesé 30-35%», rappelle notre interlocuteur.
Même si «peser un bon tiers de l’électorat» semble être «rassurant», Renan-Abhinav Moog rappelle la division qui germe entre les socialistes, les écologistes et les insoumis. Sans parler de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, qui «s’est un peu démonétisée» vu qu’il a «abîmé son image» lors du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Ainsi, à huit mois des élections présidentielles, la gauche avance toujours en ordre dispersé.
*Les propos et les opinions évoqués dans cet article n’engagent que Renan-Abhinav Moog et non la Fondation Jean-Jaurès