Au lendemain de l'interpellation d’un Afghan évacué en France suspecté de proximité avec les talibans*, l’exécutif a apporté des clarifications.
«Ce qui primera toujours, c'est la sécurité des Français. Et précisément les personnes qui sont évacuées et accueillies en France sont des personnes qui ont protégé la sécurité des Français qui étaient en Afghanistan», expose Gabriel Attal sur BFM TV ce 24 août.
Le porte-parole du gouvernement répond ainsi à la polémique autour de l’accueil d’Afghans en France. Le 23 août, Gérald Darmanin a annoncé des mesures de restriction des libertés à l’égard de cinq Afghans expatriés de Kaboul par un avion de l’armée française et arrivés en France la semaine dernière. L’un d’eux a reconnu son appartenance au mouvement taliban* et avoir porté des armes en tant que responsable d’un barrage à Kaboul. Ce même homme a aussi «très largement» aidé les policiers et les militaires à évacuer l’ambassade de France après la prise de Kaboul le 15 août, souligne le ministre. Une aide pour laquelle il risque des représailles de la part des talibans*, c’est pourquoi la France a décidé de l’évacuer.
Le ministre de l’Intérieur a précisé que les intéressés sont actuellement logés dans un hôtel à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) et n’ont pas le droit de quitter les lieux. Mais le 23 août, un autre homme faisant partie de ce groupe a été interpellé à l’entrée de Paris. Il est actuellement entendu par les enquêteurs.
«Il n'y a pas eu de faille», a assuré Darmanin ce 24 août sur Franceinfo, ajoutant que la personne soupçonnée et ses contacts sont surveillés «humainement» par la DGSI.
Le devoir d'accueil
La décision d’évacuer un Afghan soupçonné d’avoir des liens avec les talibans* a suscité de vives réactions au sein de la classe politique.
«Le gouvernement doit expliquer aux Français ce qui empêcherait d'expulser en urgence absolue ces individus. Le droit doit s'adapter aux besoins de notre sécurité. Pas l'inverse», twittait le 23 août le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand.
«Le «devoir» d'accueil de la France passe en second plan quand la sécurité des Français est menacée. Cet impératif tombe sous le sens sauf pour... le Gouvernement!», a pour sa part réagi Marine Le Pen.
«Ils n’ont rien à faire sur notre territoire et doivent être expulsés sans délai!» s’il s’avère que ces personnes sont des «membres des talibans», a renchéri Valérie Pécresse, candidate à la primaire de la droite.
Accueil «sans limite»
«La France prendra toute sa part d’accueil des réfugiés afghans», a réaffirmé le porte-parole du gouvernement, toujours sur BFM TV, «C'est notre honneur et c'est aussi notre devoir vis-à-vis de personnes qui nous ont protégés, ont protégé nos ressortissants et ont travaillé pour la France localement et qui, à ce titre, sont potentiellement menacés de mort pour ça.»
Depuis la chute de Kaboul dimanche 15 août, plus de 2.000 personnes, dont une large majorité d'Afghans, ont été exfiltrées vers Paris.
Hier, le candidat à la primaire des écologistes Yannick Jadot a appelé à l’accueil des réfugiés afghans «sans limite», estimant que le nombre d’exilés sera de l’ordre de dizaines de milliers. Une dizaine de maires écologistes se sont dits prêts à accueillir des réfugiés dans leurs villes.
*Organisation terroriste interdite en Russie.