Connu pour sa prise de position controversée sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 en France Didier Raoult en a abordé plusieurs aspect lors d’une interview accordée ce 23 août à CNews. Interrogé sur la possibilité d’endiguer l’augmentation des cas du variant Delta, il préfère ne pas faire de prédictions.
«Vous le savez, les prédictions ce n’est pas mon style. Pour l’instant ce que je vois c’est que ce ne sont pas les pays qui ont le plus vacciné qui ont le moins de cas», a-t-il déclaré en citant l’Islande, le Royaume-Uni et Israël.
En effet, début août l’Islande a enregistré une flambée des infections malgré le fait que 71% de sa population est complètement vaccinée. Étant le premier pays à avoir vacciné la majorité de sa population, Israël constate lui aussi ces dernier jour une forte reprise de l’épidémie avec près de 7.500 cas confirmés par jour, le double d’il y a deux semaines. Quant au Royaume-Uni, qui compte plus de 75% de personnes adultes ayant reçu deux dose, le nombre de cas quotidien reste au niveau de 35.000. Ainsi, si les vaccins se montrent efficaces pour empêcher une forme grave, ils ne protègent pas entièrement contre la contamination.
Un variant moins létal?
Il a reconnu que les effets causés par le Delta étaient moins graves que ceux liés aux deux variants précédents, mais a pourtant souligné qu’il fallait attendre des données précises pour dire si la vaccination avait joué. Il convient de rappeler que selon la dernière étude de l’agence gouvernementale Public Health England, rendue publique le 25 juin dernier, le taux de létalité du Delta est de 0,2 à 0,3% sur 170.000 cas contre 1,9% sur les 225.000 cas du variant Alpha recensés outre-Manche.
Quant à la stratégie vaccinale, le professeur a appelé à se focaliser sur les groupes à risque, principalement les personnes âgées et souffrant de pathologies, car à présent la France «n’est pas dans une situation optimiste». Dans le même temps, le professeur qualifie de «décision politique» la généralisation de la vaccination chez les enfants, lesquels ne font pas de cas graves.
L’immunité collective n’existe pas
Le médecin reste tout de même sceptique sur «l’immunité collective». «Je ne vois pas le côté immunitaire, je vois le côté du virus». Ce dernier a, d’après lui, des mutations successives, et parmi celles-ci il y en a de très agressives et rapides, mais aussi de lentes et non mortelles. En tant qu’exemple, il a évoqué la grippe espagnole dont la forme mortelle a fini par disparaître en cédant la place à des formes banales. Il n’a pas exclu que cela puisse arriver au Covid-19.
Sur les antivax
Parlant des manifestations contre le pass sanitaire, M.Raoult a évoqué «une obligation brutale» qui a fait les gens réagir.
«Ce qui fait naître des antivax partout dans le monde ce sont des erreurs politiques. […] Plus on force les gens, plus ils se méfient et plus ils se demandent ce qui se passe. Donc moi je pense qu’il faut essayer de convaincre les gens, qu’il faut avoir des réponses mesurées», a-t-il ajouté.
Sur son possible départ
Réagissant à la rumeur de son possible départ de la tête de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée, le microbiologiste n’a pas dit grand-chose sauf que c’est le conseil d’administration qui devait décider de son sort en septembre.
«Dans l’IHU, il y a une partie fonctionnelle qui est liée au fait que je suis directeur et qu’en même temps j’étais praticien hospitalier», a-t-il précisé avant d’ajouter qu’il occupe le poste de chef de service depuis 32 ans et que son activité de praticien lui «pèse».
Il a tenu à préciser qu’au 1er septembre sa carrière de professeur s’arrêtait car il a atteint les 69 ans, l’âge limite pour exercer comme universitaire.
«Raoult! Raoult! Raoult!»
Le 21 août, à Paris et à Marseille, des milliers de manifestants lui ont accordé leur soutien après que le 18 août Le Monde a révélé que l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et Aix-Marseille Université (AMU) le poussaient hors de l’IHU Méditerranée Infection.
À Paris, alors que des manifestants brandissaient des pancartes «Touche pas à Didier Raoult!», «Raoult! Raoult! Raoult!», Florian Philippot, le chef des Patriotes, a déclaré devant la foule que le professeur était celui qui «dérange les corrompus, les sots et les prétentieux» et «sert la vérité et le peuple de France».
D’ailleurs, le professeur a lui-même affirmé qu’il «faisait partie des objets» dont François Crémieux, nouveau directeur général de l'AP-HM, «voudrait faire le ménage». En cause, ses prises de position quant au coronavirus, dont son attachement à l’utilisation de l’hydroxychloroquine qui dérangent l’AP-HM et la commission médicale.
Le 18 août, Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale, a dénoncé dans une lettre à ses collègues «les propos stupéfiants» de Didier Raoult après que ce dernier a avancé que le Delta avait «l’air de ne pas tuer beaucoup par rapport aux variants précédents» même s’il était «en train de prendre le dessus».