En juillet, le prix du café arabica a atteint son niveau le plus haut depuis fin 2014, constate l’Organisation internationale du café (ICO) dans son dernier rapport mensuel.
Ainsi, l’indicateur composite (prix moyen calculé à partir des prix de quatre groupes de graines de café vert de référence) a atteint 1,52 dollar pour une livre de café (environ 500 grammes), soit son niveau le plus haut depuis novembre 2014 (1,62 dollar la livre).
Depuis octobre 2020, qui marque le début de l’année pour la filière des producteurs de café, cet indicateur a explosé de 43,8%. Le prix pour chacun des quatre groupes de café a enregistré une hausse sensible. Par exemple, en juillet 2021, le prix des Brazilian Naturals a augmenté de 8,4% par rapport à la même période de l’année précédente pour atteindre 1,6 dollar la livre. La hausse des Colombian milds a, elle, été de 5,9% en une année (2,2 dollars/livre).
Froid au Brésil, tensions en Colombie
Cette hausse peut être expliquée par les mauvaises conditions météorologiques au Brésil et les conflits géopolitiques en Colombie.
En juillet 2020, le Brésil – plus gros producteur d’arabica – a connu un gel après un épisode sec plus tôt dans l’année. Les plantations du Minas Gerais, l’État qui produit 70% de l’arabica brésilien, ont été durement touchées, entraînant une baisse des exportations. Par exemple, au mois de juillet, le pays a exporté 12,8% de moins qu’à la même période l’année précédente (l'équivalent de 2,826 millions de sacs de 60 kilos), selon le ministère brésilien de l’Agriculture.
En Colombie, autre gros producteur de café, des troubles politiques ont été à l’origine de retards de livraison, engendrant à leur tour une hausse du coût du fret maritime.
«On subit un énorme coût de hausse de transports. Le container est passé de 7.000 à 12.000-14.000 dollars. Derrière, le transport routier a pris 14% en un an», précise le 22 août sur Europe 1 Philippe Sauzay, co-fondateur de l'entreprise Terramoka.
Reprise nette
Pour l’ICO, la tendance à la hausse marque la fin de la période des prix bas qui dominaient le marché ces trois dernières années, et c’est une bonne nouvelle pour les producteurs.
«Les producteurs de café sortent d'une très longue crise des prix», commente auprès de l’AFP Valeria Rodriguez, responsable de l'association de commerce équitable Max Havelaar.
L’ICO prévient qu’au cours de la saison 2021-2022, l’offre totale devrait même être inférieure à la consommation mondiale:
«Avec la réduction substantielle attendue de la production du Brésil en raison du gel récent et des problèmes climatiques dans de nombreux autres pays exportateurs, l'offre totale devrait tomber en deçà de la consommation mondiale».
La hausse du prix pour les consommateurs restera cependant beaucoup moins élevée que celle de la matière première. En ce qui concerne la France, le prix du café vendu en grande surface reste relativement stable ces derniers mois et est proche de son prix de référence de 2015, note l’AFP.
«À la sortie, ça ne fait pas beaucoup, car la capsule à 35 centimes passera à 37 centimes», nuance auprès d’Europe 1 Philippe Sauzay.
«La récolte en cours ne sera pas touchée, mais c'est la récolte à venir qui le sera», précise pour sa part, toujours auprès d’Europe1, Philippe Chalmin, professeur à l'université Paris Dauphine, spécialiste des matières premières.