En fustigeant la décision de Joe Biden de retirer les troupes américaines d’Afghanistan, qualifiée d’«humiliation la plus grande de la politique étrangère des États-Unis», Donald Trump a déclaré le 21 août que Washington devait être prêt à y renvoyer ses militaires.
«Nous devons y retourner et il nous faudra le faire quand cela sera nécessaire. Maintenant, il est possible que nous soyons contraints d’y aller car celui qui dirige notre pays a pris une décision terrifiante d’en retirer toute notre puissante armée. Nous serons probablement obligés de revenir. Peut-être que non mais il est possible que si. Si vous n’êtes pas prêts à y retourner, nous ne reverrons jamais ces 45.000 personnes», a-t-il indiqué lors d’une intervention en Alabama devant ses sympathisants.
Combien d’Américains restent en Afghanistan?
Selon l’ex-Président, 45.000 Américains se trouvent en Afghanistan, alors que les estimations gouvernementales sur ce nombre varient considérablement. Une fourchette de 10.000 à 15.000 ressortissants a été évoquée par des responsables de la sécurité, cités par le Washington Post.
Entre 5.000 et 10.000 restent encore dans la région de Kaboul, a indiqué le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Il a reconnu ignorer leur nombre exact car le gouvernement ne dispose pas de liste exhaustive de ses concitoyens partis à l’étranger.
Par ailleurs, au moins 14.000 personnes en ont été évacuées depuis fin juillet, selon un responsable de la Maison-Blanche.
Enfin, Trump a annoncé l’échec du projet de retrait des militaires mis au point par l’administration Biden.
«Ce n’est pas un retrait. C’est une capitulation totale», a-t-il martelé en déplorant le personnel et le matériel abandonnés.
Biden ne regrette rien
Alors que les talibans* s’approchaient de Kaboul, Joe Biden a déclaré ne pas regretter sa décision de retirer les soldats américains, car, pour lui, les Afghans doivent retrouver la volonté de se battre pour eux-mêmes. Il a réaffirmé sa position après la reprise du pouvoir par les talibans* et a affirmé lors d’une adresse à la nation avoir appris «à contrecœur qu’il n’y avait jamais de bon moment pour retirer les forces américaines».
Sous le feu des critiques, le Président s’est défendu en indiquant que l’objectif unique de la présence américaine en Afghanistan était «d’empêcher une attaque terroriste» aux États-Unis, et non pas la création d'une nation ou l'instauration d'une démocratie. Lors d’une conférence de presse donnée le 20 août, il a dénoncé l’absence actuelle de danger terroriste, en posant une question aux journalistes: «Quel intérêt avons-nous en Afghanistan maintenant qu’Al-Qaïda* a disparu?».
Cependant, la présence de cette organisation terroriste a été évoquée le même jour par le porte-parole du Pentagone. Interrogé au sujet de l’incohérence entre sa déclaration et celle du Président, John Kirby a annoncé que cette présence n’était pas «suffisamment importante pour constituer une menace pour notre pays, comme c’était le cas le 11 septembre, il y a 20 ans».
La Russie est-elle de retour en Afghanistan?
Donald Trump a également affirmé avoir entendu parler de l’intention de la Russie d’y renvoyer ses troupes, 30 ans après le retrait des forces soviétiques.
Une hypothèse qui avait précédemment été réfutée par le secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie, Nikolaï Patrouchev, d’après lequel il n’y a pas de prémisses pour le déploiement de contingents russes. Moscou compte plutôt appliquer des efforts pour engager un dialogue diplomatique avec Kaboul et chercher un règlement pacifique à la situation.
Les forces américaines doivent quitter l’Afghanistan d’ici le 11 septembre, et les talibans* n’ont pas l’intention de les attaquer, a déclaré mardi 17 août un représentant de ce mouvement, Suheil Shaheen.
*Organisations terroristes interdites en Russie.