Alors que l’Union européenne tente d’accélérer sur le dossier de l’accueil des réfugiés afghans, des centaines de manifestants se sont réunis à Bruxelles pour crier leur désarroi face à l’arrivée au pouvoir des talibans*.
Le rassemblement a eu lieu sur la place Schumann, dans un quartier où se situent les principales institutions de l'Union européenne. Le drapeau de l’Afghanistan, que les talibans* cherchent à interdire, était de sortie. De même que les pancartes clamant «Sauvez l’Afghanistan» ou «Honte aux USA!».
Les contestataires se disent consternés par le retour des talibans* au pouvoir. Une reprise en main qui enterre selon eux les espoirs de voir émerger un état laïc en Afghanistan. Beaucoup reprochent aux États-Unis et à la communauté internationale d’avoir abandonné la population afghane à son sort, particulièrement les femmes.
«L'Afghanistan a été abandonné, les femmes ont été abandonnées. Nous avons peur pour la vie de nos proches qui restent là-bas, car maintenant il leur est tout simplement interdit d'avoir leur propre opinion», explique ainsi à Sputnik une manifestante.
D’autres en veulent au Pakistan d’avoir soutenu les talibans* et demandent des sanctions internationales contre Islamabad. Des drapeaux pakistanais ont d’ailleurs été déchirés et brûlés, avant que la police bruxelloise n’intervienne.
Certains manifestants demandent encore le retour du Président afghan Ashraf Ghani, parti de Kaboul le 15 août et ayant trouvé refuge aux Émirats arabes unis. Le dirigeant déchu avait admis la défaite suite à l’avancée des talibans* sur Kaboul, déclarant que ces derniers avaient «gagné le procès par les armes».
L’épineuse question des réfugiés
Parmi les manifestants, certains ont également appelé l'UE et les autorités belges à assouplir les conditions d'accueil des réfugiés afghans. Une question délicate sur laquelle les dirigeants européens n’ont pas encore accordé leurs violons.
Côté français, Emmanuel Macron a semblé vouloir jouer la fermeté, en affirmant le 16 août que la France devait se «protéger contre les flux migratoires irréguliers importants». Une petite phrase qui a suscité un tollé sur la gauche de l’échiquier politique, tout en laissant sceptique à droite. Le chef de l’État a par la suite répondu à ses détracteurs, mettant en garde contre les «commentaires et les dépêches tronquées».
Si Paris avance donc à pas feutré sur le sujet, en province plusieurs élus se sont déjà dits prêts à accueillir des réfugiés afghans. Notamment le maire de Grenoble, Éric Piolle, qui a accusé Emmanuel Macron de faire «honte à la France» avec ses propos, dans une récente vidéo. Il a d’ailleurs été rappelé à l’ordre par Marlène Schiappa, qui lui a reproché de donner des «leçons de géopolitique» alors qu’il n’était pas capable de régler les problèmes de burkini dans les piscines de sa ville.
À Berlin, Angela Merkel marche quant à elle sur des œufs depuis la crise migratoire de 2015. La chancelière a prudemment appelé à un accueil «contrôlé» des réfugiés, incitant les pays frontaliers de l’Afghanistan à s’investir en premier lieu.
Finalement, c’est bien à Bruxelles que la position semble être la plus claire. Ce 18 août, la commissaire européenne Ylva Johansson a ainsi appelé à aider les réfugiés «faisant l’objet d’une menace immédiate», afin qu’ils puissent «s'installer dans les États de l'UE».
*Organisation terroriste interdite en Russie