Un gouvernement inclusif sera formé en Afghanistan, selon les talibans

Les talibans* envisagent de former un gouvernement inclusif en Afghanistan, qui comprendra les représentants de tous les groupes politiques, a annoncé le porte-parole du mouvement Zabihullah Mujahid lors de la première conférence de presse après l'entrée dans Kaboul.
Sputnik
Le futur gouvernement afghan sera inclusif, il comprendra des représentants de tous les groupes politiques et couches de la population, a déclaré ce mardi 17 août le porte-parole du mouvement, Zabihullah Mujahid, lors d'une conférence de presse organisée dans une salle de Kaboul précédemment utilisée par le gouvernement afghan.
«Les hommes politiques mènent des consultations actives pour décider qui formera le nouveau gouvernement. [...]. Nous devons leur donner la possibilité de former un gouvernement et un système politique qui répondront aux aspirations du peuple afghan [...]. Le nouveau gouvernement décidera quelles lois seront promulguées en priorité. Il décidera notamment comment les femmes participeront à la vie sociale», a indiqué le porte-parole.
Selon lui, les consultations se déroulent avec la participation notamment du chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale, Abdullah Abdullah, qui a créé le Conseil de coordination afghan pour la passation du pouvoir avec l'ancien Président Hamid Karzaï et le leader du Parti de l'Unité islamique d'Afghanistan, Gulbuddin Hekmatyar.
La conférence de presse a débuté par une prière musulmane. Citant des extraits du Coran, le représentant des talibans* a félicité les Afghans à l'occasion «de la fin de l'occupation américaine de leur pays».

«Un pays sans stupéfiants»

Selon lui, le mouvement taliban* ne permettra pas la transformation de l'Afghanistan en centre de production de stupéfiants.
«Je veux assurer au monde entier que l'Afghanistan ne sera pas un centre de production de quelque drogue que ce soit. Nous chercherons à éradiquer ce fléau et de transformer notre pays natal en pays sans stupéfiants», a ajouté M.Mujahid.
Il a promis que la production d'opium serait réduite à zéro, avant d'estimer que les talibans* auraient besoin de l'assistance internationale pour mettre fin au trafic de drogue. 

Aucun règlement de compte en vue

L'Émirat islamique des talibans* ne menace personne et n'a pas l'intention de faire la guerre. Sa diplomatie reposera «sur les normes internationales et les lois musulmanes», a déclaré le représentant. 
«Nous ne voulons pas que la guerre continue. Nous cherchons à éliminer ses racines. Nous n'allons pas nous venger auprès des représentants de l'ancien régime, ils sont nos partenaires dans la reconstruction de notre pays», a-t-il souligné.
M.Mujahid a en outre annoncé que son mouvement avait «gracié et amnistié ceux qui étaient contre eux»:
«Nous ne voulons pas régler nos comptes avec qui que ce soit en Afghanistan».
Et d'ajouter qu'ils tiendraient compte des erreurs commises par le gouvernement précédent. 
Selon lui, les talibans* ne permettront pas d'utiliser le territoire afghan pour mener des attaques contre d'autres pays, empêcheront la contrebande d'armes et procéderont à l'enregistrement des armes se trouvant déjà sur le sol afghan.

Droits des femmes

Les talibans* garantiront le respect des droits des femmes selon les normes de la charia. Toutes les femmes seront notamment invitées à porter le voile, mais elles ne seront pas obligées de porter la burqa.
«Les femmes vivront selon la charia. Les pays voisins et les États du monde ne doivent pas croire que nous ne reconnaissons pas les droits des femmes. Dieu merci, nous sommes musulmans et nos femmes sont musulmanes aussi», a expliqué le porte-parole.
Selon lui, les femmes auront droit à l'éducation jusqu'au niveau universitaire et le droit de travailler.

Économie afghane

Le mouvement des talibans* entend veiller à la reprise économique du pays.
«La situation économique va s'améliorer. Nous prendrons des mesures sérieuses pour la garantir, pour améliorer les conditions de vie de la population», a promis le porte-parole.

Fonctionnement des médias

Les nouvelles autorités afghanes respecteront la liberté des médias, mais interdiront ceux qui se prononceront contre les valeurs nationales et violeront les lois islamiques. Les autres pourront travailler sans aucune contrainte, a assuré M.Mujahid. 
«Nous savons que les médias libres ont le droit de nous critiquer, mais ils doivent être justes et impartiaux. Ils servent le peuple et l'État, et nous voulons qu'ils diffusent des informations objectives et véridiques», a-t-il noté.
Les femmes pourront elles aussi travailler comme journalistes, mais elles devront porter un foulard «pour ne pas être dérangées dans la rue ou au travail», selon lui. 
Les talibans* veilleront en outre à ce que les médias ne «sèment pas la discorde raciale ou ethnique» en Afghanistan.

Sécurité à Kaboul

Le responsable a également tenu à rassurer quant à la sécurité de la population et des diplomates en poste dans la capitale afghane:
«La sécurité et la paix à Kaboul sont prioritaires pour nous, tout comme la sécurité de tous les diplomates de tous les pays qui se trouvent à Kaboul. Nous voulons assurer au monde entier que les résidents de Kaboul, les diplomates, les organisations internationales et les ONG ne courent aucun risque. Il n'y aura aucun abus à leur égard».
Il a assuré aux Afghans ayant collaboré avec les États-Unis qu'ils étaient amnistiés, les appelant à rester sur le sol afghan:
«Nous garantissons la sécurité de ceux qui ont travaillé avec les États-Unis et leurs alliés en tant qu'interprètes ou rempli d'autres fonctions. Compte tenu de leurs talents et savoir-faire, nous ne voulons pas qu'ils quittent le pays. Nous voulons qu'ils servent leur pays».
Selon lui, les Afghans qui ont afflué à l'aéroport international de Kaboul par peur des talibans* peuvent rentrer dans leurs foyers sans aucune crainte.
Le porte-parole a cependant reconnu que le mouvement taliban* avait rencontré certaines difficultés en essayant de garantir l'ordre public dans la capitale à cause de «certains malfaiteurs».

Les talibans* n'avaient pas l'intention d'entrer dans Kaboul

Le 15 août, les talibans* sont entrés dans Kaboul, contrôlant totalement la capitale en quelques heures. Le Président afghan, Ashraf Ghani, a annoncé avoir quitté le pays pour «éviter un bain de sang». Plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants et diplomates.
Selon M.Mujahid, le plan initial du mouvement était de s'arrêter aux abords de Kaboul après la prise d'autres territoires du pays afin d'assurer une passation du pouvoir pacifique, mais les actions de l'ancien gouvernement ne l'ont pas permis. Les talibans* ont ainsi dû entrer dans la capitale pour y garantir la sécurité, affirme le porte-parole.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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