Alors que les États-Unis essuient les foudres de l’opinion après la reconquête de l’Afghanistan par les talibans*, la question de la responsabilité de la France dans ce renversement de situation reste en suspens. Paris avait en effet pris part à la guerre d’Afghanistan, débutée en 2001, aux côtés des États-Unis et d’autres pays de l’Otan. Les forces françaises sur place ont compté jusqu’à 4.000 militaires en 2010, au plus fort de leur engagement.
Une paille pour Florence Parly, qui refuse de comparer le rôle de la France sur place avec celui des États-Unis.
«La France n'est plus en Afghanistan depuis 2014. Il n'y a pas de parallèle à faire entre l'engagement de la France en Afghanistan et l'engagement des États-Unis, même si nous avons été dans une même opération. Nous sommes partis et toutes les décisions qui ont été prises ultérieurement ont été des décisions qui n'ont pas concerné la France en tant qu'armée française», explique la ministre sur Franceinfo.
Florence Parly souligne cependant que l’armée française avait reçu le concours de nombreux personnels afghans durant ses missions, et que l’accueil de ces derniers en France était à l’étude. Pour l’heure 1.350 Afghans ont déjà pu être rapatriés sur le sol français depuis 2014, précise la ministre.
Le sort des interprètes afghans pour l’armée française a notamment suscité l’émotion. En 2017, avant même la reprise du pays par les talibans*, Emmanuel Macron avait tracé un parallèle entre leur situation et celle des harkis, abandonnés par la France après la guerre d’Algérie. Début juin, les talibans* avaient tenté de rassurer ces interprètes des forces internationales, les invitant à rester en Afghanistan, leur affirmant qu’ils ne courraient «aucun danger».
Treize ans de présence
La participation des troupes françaises à la guerre d’Afghanistan avait été décidée en octobre 2001 par Jacques Chirac. L’objectif était alors de renverser le régime des talibans*, soupçonnés d’avoir apporté leur soutien à Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre.
Nicolas Sarkozy avait repris le flambeau lors de son accession à l’Élysée, promettant que les forces françaises resteraient sur place «aussi longtemps qu'il le faudra». Un discours qui a fini par sensiblement changer, au gré des pertes militaires. Le 18 août 2008, l’embuscade d'Uzbin avait marqué l’opinion au fer rouge après la mort de 10 militaires à une cinquantaine de kilomètres de Kaboul. Il s’agissait alors des pertes les plus élevées pour l’armée française depuis près de 25 ans.
En octobre 2009, Nicolas Sarkozy avait changé son fusil d’épaule, déclarant que «pas un soldat de plus» ne serait envoyé en Afghanistan, et ce malgré les demandes pressantes de Washington. Un retrait progressif avait finalement été annoncé en 2011. Les 150 derniers soldats de l’opération Pamir avaient quitté le tarmac de l’aéroport de Kaboul en décembre 2014. Au total, la guerre d’Afghanistan a coûté la vie à 89 militaires français.
Ce 15 août, le Président afghan Ashraf Ghani a finalement acté la victoire des talibans*, déclarant que ces derniers avaient «gagné le procès par les armes». Face à l’irruption du groupe terroriste dans Kaboul, le chef de l’État a été contraint de quitter le pays. Un «transfert pacifique du pouvoir vers un gouvernement de transition» devrait bientôt avoir lieu, a annoncé le ministre de l'Intérieur par intérim, Abdul Sattar Mirzakwal.
*Organisation terroriste interdite en Russie