Le professeur Alain Fischer a admis, dans le Journal du dimanche (JDD), que «la vision que l'on peut avoir de l'immunité de groupe aujourd'hui n'est malheureusement pas celle d'il y a 18 ou même six mois».
La France approche le seuil de 60% de vaccinés, plus de 39 millions de personnes avaient reçu les deux doses ce 15 août, tandis que le professeur Fischer comptait sur «une possibilité pour le début de l’automne» d’atteindre les 90%, après une vaccination ou infection.
«Si l'immunité de groupe peut être atteinte ou non, je ne sais pas, c'est devenu un challenge très ambitieux», a-t-il constaté. «Mais ça ne change rien à notre stratégie, qui est de limiter la circulation du virus dans l'intérêt de tous».
Le variant Delta est en effet devenu progressivement dominant sur le territoire français, en étant désormais responsable de 93,5% des cas, selon les données de Santé publique France pour le 12 août.
Le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale a pointé une transmission «bien plus importante» du Delta, initialement détecté en Inde, par rapport aux autres mutations.
«Le vaccin ne confère une protection complète ni contre l'infection ni contre la transmission», a résumé le professeur d'immunologie.
Efficacité réduite des vaccins
Autre source de préoccupation: l’efficacité des vaccins ne se maintient pas toujours face au variant Delta. Selon une étude des chercheurs américains prépubliée sur MedRxiv, Moderna s’avère être plus efficace contre l’infection (76% contre 86% il y a six mois), contre 42% pour la préparation de Pfizer (76% en janvier).
Les autorités sanitaires de la France, qui constate une détérioration de la situation en Guadeloupe et en Martinique, indiquent que 57,9% de la population totale sont entièrement vaccinés et 68,6% de la population se sont fait injecter au moins une dose de vaccin.
En ouverture du Conseil de défense, Emmanuel Macron a pointé les statistiques clés qui sont reparties à la hausse, notamment plus de 9.000 hospitalisations et plus de 1.600 patients en réanimation, ce qui «impose notre mobilisation», a-t-il insisté. Dorénavant, le gouvernement se donne pour but «la vaccination de tous les Français qui peuvent être vaccinés».