Au moins deux pancartes affichant le slogan «Qui?» ont été signalées à la justice par la préfecture de police de Paris. Elles ont été brandies ce samedi 14 août lors d’une des manifestations anti-pass sanitaires, lesquelles ont rassemblé plus de 214.000 personnes en France, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Sur Twitter, la préfecture a justifié ce fait par l’article 40 du code de procédure pénale, qui impose à toute autorité ayant acquis la connaissance d’un crime ou d’un délit d’en donner avis au procureur de la République. Dans le cas présent, il s’agirait d’une «provocation à la haine raciale». Un délit potentiellement puni de 45.000 euros d’amende et d’un an d’emprisonnement.
Ce dimanche, le parquet de Paris a confirmé l'ouverture d'une enquête pour «provocation publique à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée». Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP).
Le mouvement politique Civitas avait notamment appelé cette semaine à brandir ce slogan lors de la prochaine manifestation, son interdiction étant pour lui un signe de tyrannie.
Ce même slogan était déjà apparu à Metz lors du rassemblement anti-pass sanitaire du samedi précédent. Une pancarte citant plusieurs noms, dont certains juifs, qualifiés de «traîtres» et accompagnée de la mention «Mais qui?» avait fait l’objet d’une enquête. Celle qui la portait, une ancienne cadre du Front national et ex-élue au conseil municipal de Hombourg-Haut, en Moselle, a été interpellée lundi 9 août et sera jugée en septembre pour le même motif.
En quoi le slogan «Qui?» est-il antisémite?
L’expression «Qui?» tire son origine d’une interview diffusée en direct au mois de juin sur CNews. Le général à la retraite Daniel Delawarde y a déclaré: «Vous savez bien qui contrôle la meute médiatique». Après l’insistance de Claude Posternak, membre du bureau exécutif de La République en marche, il avait fini par répondre «la communauté que vous connaissez bien».
«Il était transparent qu'il voulait évoquer les juifs. Donc c'est vraiment un élément de langage antisémite qui circule depuis des semaines, c'est assez clair pour qui sait décoder ce message-là», commente dans Franceinfo Rudy Reichstadt, directeur de l’observatoire Conspiracy Watch.