Israël projette de nouvelles constructions en Cisjordanie, les USA s’inquiètent

Alors que le gouvernement israélien devrait approuver la construction de plus de 2.000 nouveaux logements dans les colonies de peuplement en Cisjordanie, la décision a d’ores et déjà été critiquée par le département d’État américain qui a appelé à s’abstenir de «mesures unilatérales» entravant une solution négociée au conflit.
Sputnik
Les États-Unis estiment que l’implantation de colonies israéliennes en Cisjordanie pourrait raviver les tensions israélo-palestiniennes et entraver les efforts axés sur le règlement du conflit israélo-palestinien.
«Nous pensons qu'il est essentiel qu'Israël et l'Autorité palestinienne s'abstiennent de prendre des mesures unilatérales qui exacerbent les tensions et sapent les efforts visant à faire avancer une solution négociée à deux États», a déclaré un responsable du département d'État américain au Times of Israël.
Il estime que «l'activité de colonisation rendra beaucoup plus difficile la réalisation d'une solution à deux États», solution de consensus au conflit.
Cette déclaration intervient alors que le gouvernement israélien devrait approuver la construction de quelque 2.200 nouveaux logements dans les colonies de peuplement en Cisjordanie. Cette décision doit toutefois encore obtenir l’aval de la commission de planification de l’Administration civile de la Cisjordanie.
Ce plan a toutefois été réduit par le Premier ministre, Naftali Bennett, par rapport aux 3.200 nouveaux logements prévus initialement afin d’éviter de contrarier l'administration américaine, affirme le journal, qui rappelle une prochaine première rencontre du chef du gouvernement israélien avec Joe Biden.

«Les colonies sont illégales»

La construction de nouveaux logements en Cisjordanie avait déjà été critiquée par plusieurs pays européens. Dans un communiqué commun publié le 6 mai dernier, la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont demandé «instamment au gouvernement d’Israël de revenir sur sa décision de procéder à la construction de 540 nouvelles unités de logements dans la colonie de Har Homa E en Cisjordanie occupée».
«Les colonies sont illégales au regard du droit international et font peser une menace sur les perspectives de règlement pacifique du conflit israélo-palestinien», souligne le communiqué.
Si la décision d’accroître les colonies à Har Homa, entre Jérusalem-Est et Bethléem, était mise en œuvre, elle compromettrait davantage la perspective d’un État palestinien viable, avec Jérusalem comme capitale d’Israël et de l’État palestinien.
«Nous appelons les deux parties à s’abstenir de toute initiative unilatérale et à reprendre un dialogue crédible et véritable pour progresser sur la voie de la solution des deux États et mettre fin au conflit», conclut le communiqué.

Un «risque calculé»

Dans le même temps, le ministre de la Défense, Benny Gantz, a approuvé la construction d’un millier de logements destinés aux Palestiniens dans la Zone C qui constitue environ 60% du territoire de la Cisjordanie, a fait savoir le Times of Israël.
Selon le quotidien Haaretz, cette double décision a pour but de faire avaler la pilule à l’aile gauche de la coalition gouvernementale et représente, d’après les responsables du cabinet, un «risque calculé» vis-à-vis de l’administration Biden.
Le Times of Israël rappelle pour sa part que le pays n’approuve que très rarement des constructions palestiniennes dans ce secteur, alors que des constructions illégales sont souvent démolies. Entre 2016 et 2018, seulement 21 des 1.485 demandes palestiniennes de permis de construire dans la zone C ont été approuvées.
Selon les accords d’Oslo, la Zone C est placée sous contrôle administratif et sécuritaire israélien. La Zone A est sous le contrôle civil et militaire palestinien et la zone B est sous contrôle civil palestinien et sous contrôle militaire conjoint israélo-palestinien.
Discuter