«On fait preuve de bienveillance dans nos salles de sport, on a toujours respecté ce que l’on nous a demandé d’appliquer. Sauf que, là, on est confronté à des résiliations qui ne sont pas du tout liées à nos centres.»
C’est un sentiment d’impuissance qui prédomine chez Ludovic Faroult, administrateur national du syndicat Active-FNEAPL, au micro de Sputnik. Depuis le 9 juin, les gérants de salles de sports se réjouissaient d’un retour à la normale après huit mois d’inactivité. Et patatras, le pass sanitaire vient à son tour frapper le secteur de plein fouet!
«On est à peu près à 50% de baisse de fréquentation sur ce mois d’août», s’alarme Ludovic Faroult, également responsable de l’entreprise Cardiofit. Or la saisonnalité de l’activité aidant, les mois de juillet et août sont déjà traditionnellement très calmes. Des clients qui désertent donc les salles de fitness, mais, pis encore, «on assiste à une forte augmentation des résiliations d’abonnement», affirme-t-il.
«Parmi nos adhérents, il y en a qui soit ne souhaitent soit pas se faire vacciner, soit considèrent tout simplement que le pass sanitaire est une aberration et ne veulent donc pas passer de test PCR ou antigénique juste pour venir en salle», explique le syndicaliste.
La situation pourrait fortement impacter la santé financière de ces entreprises si le certificat sanitaire venait à perdurer. Comme Ludovic Faroult l’explique, face à cette volonté de résilier un contrat, la marge de manœuvre des exploitants reste très faible: «On ne peut pas refuser, car on peut considérer que c’est un motif impérieux.» Certains appliquent donc simplement le préavis de réalisation, lorsque d’autres tentent de s’arranger avec leurs abonnés, en proposant notamment une suspension de contrat. Dans l’espoir que ces derniers décident d’obtenir le fameux sésame.
«Néanmoins, on comprend ceux qui ont décidé de ne pas suivre le pass sanitaire parce que c’est leur décision personnelle», reconnaît Ludovic Faroult.
Même s’il souligne que cela «sanctionne forcément nos établissements». D’autant plus que les exploitants doivent aussi subir les conséquences financières de cette décision gouvernementale: «On perd notre chiffre d’affaires, mais on doit augmenter les dépenses.» Et pour cause, selon les correspondants territoriaux du syndicat Active-FNEAPL, entre le contrôle, la vérification, le traitement des dossiers de résiliation, le pass sanitaire coûterait aux établissements «un peu plus de mille euros par mois et par collaborateur». Une somme rondelette pour un secteur qui militait déjà en juin dernier en faveur de l’extension du dispositif d’aides. Un soutien qui devrait normalement s’arrêter fin août.
«On nous traite de collabos»
Au-delà de ces considérations financières, c’est la méthode du gouvernement qui cristallise les tensions.
«La décision a été prise du “jour au lendemain”. On a dû faire face à cette mise en application, à l’incompréhension de la législation, et à l’incompréhension des clients dans les premières semaines», rappelle Ludovic Faroult.
De nombreux gérants ont d’ailleurs été pris pour cibles, voire menacés, lors de l’instauration du pass sanitaire. «On nous traite de collabos», se désolait un gérant parisien dans les colonnes du Figaro. Un climat anxiogène aussi accentué par les contrôles que subissent les gérants.
«On a des contrôles de gendarmerie et de police. Il y a par exemple un centre qui a été contrôlé cinq fois depuis le 21 juillet!»
Pour tenter de trouver une solution face aux défis rencontrés par les gérants, Ludovic Faroult confie que son syndicat a fait remonter leurs difficultés au ministère des Sports. Reste désormais à savoir si ces doléances seront prises en compte par le gouvernement qui annonce déjà une «quatrième vague» de l’épidémie.