L'astéroïde Bennu passera très près de la Terre en 2135, à seulement la moitié de la distance séparant notre planète de la Lune, a déclaré la NASA le 11 août à partir de nouvelles données obtenues par ses chercheurs qui ont évalué la trajectoire de l'objet céleste jusqu'en 2300 et publié leurs conclusions dans une étude parue dans la revue Icarus.
Sur la base de modèles informatiques, les scientifiques sont parvenus à préciser l'orbite de Bennu et à déterminer la probabilité d'une collision avec la Terre d’ici à 2300: une chance sur 1.750, soit 0,057%, affirment-ils. Alors qu’il s’agissait d’une sur 2.700 jusqu’ici.
Toutefois, même s’il a été révisé à la hausse, le risque reste infime, soulignent les chercheurs.
«Il y a 99,94% de chances que Bennu ne soit pas sur une trajectoire d'impact. Il n’y a donc pas de raison de trop s'inquiéter», a indiqué lors d’une conférence de presse Davide Farnocchia, scientifique aux Near Earth Object Studies de la NASA et principal auteur de l’étude.
Mais Bennu reste l'un des deux astéroïdes connus les plus dangereux, avec celui baptisé 1950 DA (29075).
La mission OSIRIS-REx
La NASA surveille en permanence les astéroïdes et les comètes qui peuvent s'approcher de notre planète et représenter un danger pour nous. C’est le cas de Bennu dont les déplacements sont étudiés dans le cadre de la mission OSIRIS-REx. Elle a été mise au point dans ce but mais aussi pour en ramener un échantillon sur Terre. La sonde spatiale a été lancée le 8 septembre 2016 et a atteint l’objet céleste en octobre 2020.
La sonde a passé plus de deux ans à proximité de l'astéroïde, recueillant des informations sur sa forme, sa masse, sa composition et sa taille -qui fait environ 500 mètres de large. Elle a également surveillé sa rotation et sa trajectoire orbitale. Le vaisseau spatial a quitté Bennu le 10 mai 2021 après avoir notamment récupéré un échantillon de roche et de poussière à sa surface et doit rentrer sur Terre en septembre 2023.
«Nous n'avons jamais modélisé la trajectoire d'un astéroïde avec cette précision», a fait remarquer Davide Farnocchia.
La mission OSIRIS-REx a fourni des informations très détaillées qui ont permis de «calculer la trajectoire future de Bennu avec un degré de certitude très élevé jusqu'en 2135», a-t-il ajouté.
Trous de serrure gravitationnels
Les scientifiques ne peuvent toutefois pas être sûrs de leurs calculs. En effet, pour déterminer l’évolution de l'orbite de Bennu dans le temps, il est important de savoir si le corps céleste passera par un «trou de serrure gravitationnel» lors de son approche en 2135. Ces «trous» représentent de petites zones de l'espace où la force de gravitation d’un astre est capable d'altérer la trajectoire d'un astéroïde passant par-là, ce qui pourrait aiguiller Bennu dans la voie d’une éventuelle collision avec la Terre.
Ainsi, Davide Farnocchia et son équipe ont évalué les différentes forces pouvant affecter l'astéroïde, car même la plus faible peut dévier considérablement sa trajectoire au fil du temps. Parmi elles, le Soleil joue un rôle majeur puisque sa chaleur réchauffera l’une des faces de l'objet céleste qui, en tournant sur lui-même, verra cette face se refroidir et libérer de l'énergie générant une légère poussée. Sur de courtes périodes, cette poussée est minuscule, mais elle peut s'accumuler et modifier sérieusement l'itinéraire d'un astéroïde.
L'équipe a également pris en compte de nombreux autres éléments perturbateurs, comme la force de gravitation du Soleil, des planètes, de leurs lunes et de plus de 300 astéroïdes supplémentaires, ainsi que la traînée causée par la poussière interplanétaire et la pression du vent solaire.