Les six derniers mois ont été rythmés par la dominance du variant Alpha (précédemment appelé variant britannique), puis du Delta (ou variant indien). Les chercheurs américains ont comparé l’efficacité de deux vaccins à ARN messager, le Moderna et le Pfizer, contre ces souches.
Les évaluations ont été effectuées de janvier à juillet au sein des cliniques américaines Mayo Clinic avec environ 78.000 participants, vaccinés complètement ou non vaccinés. Les résultats ont été prépubliés sur le site spécialisé MedRxiv le 8 août.
«Durant la période d'étude, les deux vaccins ont été très efficaces tant contre l'infection au Covid-19 que contre l'hospitalisation associée. En juillet, l'efficacité du vaccin contre l'hospitalisation est restée élevée, mais l'efficacité contre l'infection était plus faible pour les deux vaccins avec une réduction plus prononcée pour le Pfizer», notent les chercheurs.
Ainsi, l’efficacité du vaccin de Moderna contre le Covid a diminué de 86% en janvier à 76% en juillet, et de 76% à 42% pour celui de Pfizer.
Dans le Minnesota, où l’étude a été menée, le variant Alpha était prédominant au début de l’étude, avec 85%, tandis que vers juillet sa proportion est tombée à 13%. En revanche, la proportion de la souche Delta a augmenté de 0,7% en mai à 70% en juillet.
Si les deux vaccins «protègent fortement» contre le Covid et ses formes graves, les chercheurs pointent la nécessité «d’évaluation ultérieure des mécanismes à l’origine des différences dans l’efficacité» vaccinale parmi lesquels ils énumèrent les dosages et la composition du vaccin.
Le Spoutnik V contre le Delta
Récemment, des chercheurs russes ont analysé l’efficacité du Spoutnik V contre les variants. L’étude publiée en juillet dans la revue Vaccines indique que la vaccination avec le Spoutnik V produit des anticorps neutralisants et protecteurs contre de nouvelles souches, à savoir Alpha, Beta, Gamma, Delta et les variants B.1.1.141 et B.1.1.317 identifiés à Moscou.
Le 11 août, le Fonds russe d’investissements directs (RFPI), qui assure la promotion du Spoutnik V, a annoncé que l’efficacité du Spoutnik V contre le Delta est de 83,1%.
La technique du «mix & match» pour les doses de rappel?
Compte tenu de la propagation du variant Delta et de l’émergence éventuelle d’autres souches, dont a averti l'OMS en juillet, la technique dite du «mix & match» («mélange & association») gagne du terrain. Pour obtenir la meilleure réponse immunitaire, elle prévoit l’utilisation de vaccins de différents fabricants, ou même développés à partir de différentes plateformes.
Depuis déjà plusieurs mois, la Russie mène des recherches dans ce domaine. En décembre 2020, le RFPI a conclu un partenariat avec l’AstraZeneca pour étudier la combinaison du Spoutnik Light (premier composant du Spoutnik V) et une injection du vaccin du laboratoire suédo-britannique. Les expérimentations sont en cours en Russie. De plus, début août, la Russie a communiqué les résultats, à ce stade encourageants, d’une étude sur la combinaison du Spoutnik Light avec le Moderna ou le Sinopharm (des vaccins conçus à partir d’autres plateformes que celle du Spoutnik).
En France, l’approche a également été mise sur la table. Ainsi, dans son avis émis le 8 juillet, la Haute autorité de santé (HAS) recommande un schéma vaccinal hétérologue comprenant une combinaison du vaccin d'AstraZeneca et d’un à ARNm compte tenu de sa «meilleure réponse immune». Les mêmes recommandations ont été émises par le Conseil supérieur des maladies infectieuses (CSMI), analogue de la HAS au Luxembourg, toujours en juillet.
De plus, dans le contexte de la nécessité de doses de rappel (déjà été approuvé en France), le 11 août le RFPI a proposé un partenariat à Pfizer pour mener des recherches sur l’utilisation d’une injection du Spoutnik Light en tant que dose de rappel pour les personnes complètement vaccinées (deux doses) au Pfizer.
Pour l’heure, la réaction du laboratoire américain n’est pas connue.