Alors que les manifestations contre l’extension du pass sanitaire ne semblent pas faiblir depuis l’entrée en vigueur de la mesure, la colère se dirige de plus en plus contre les structures médicales. Depuis la mi-juillet, une vingtaine de centres de vaccination et de dépistage ont ainsi été vandalisés en France, rapporte BFM TV à partir des chiffres du ministère de l’Intérieur.
Ces dégradations recouvrent des réalités très diverses, des simples tags sur les murs aux incendies volontaires. Les structures provisoires sont souvent touchées, comme à Urrugne, dans le Pays basque, où un chapiteau accueillant des vaccinations a été aspergé de liquide inflammable et incendié, le 18 juillet.
Ce même jour, l’alimentation électrique d’un centre du Doubs avait également été coupée, provoquant l’arrêt d’un réfrigérateur qui contenait 600 flacons de vaccins, soit 3.000 doses. La veille, les lances à eau d’un centre de vaccination avaient aussi été ouvertes à Lans-en-Vercors (Isère), inondant la structure. Des tags clamant «Nouveau génocide» ou «ARN=OGM» avait été retrouvés sur place.
Ces dégradations touchent l’ensemble du territoire, du Vaucluse au Haut-Rhin. L’Outre-mer est également concerné, alors que la contestation n’y faiblit pas, non seulement contre le pass sanitaire, mais aussi contre le confinement partiel, restauré fin juillet en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
L’extension du pass sanitaire, entrée en vigueur ce 9 août, semble exacerber les tensions, puisque de nouvelles dégradations ont eu lieu ce lundi à Saint-Barthélemy. Les locaux de l'Agence régionale de santé (ARS) ainsi qu’un véhicule de travail ont été tagués, rapporte une communiqué officiel.
Frange radicale
Le radicalisme de certains opposants au pass sanitaire a défrayé la chronique ces dernières semaines. Le port d’étoiles jaunes ou de pancartes à connotation antisémite dans certaines manifestations avait notamment provoqué l’indignation.
Le 19 juillet, un rapport des renseignements territoriaux avait d’ailleurs alerté sur la radicalisation de certains protestataires. Le document, relayé par Le Parisien, mettait en garde contre un possible durcissement du mouvement sous l’impulsion d’éléments d’ultra-gauche et d’ultra-droite, pour l’heure toujours minoritaires.
La rhétorique utilisée par certaines personnalités politiques pour dénoncer l’instauration du pass sanitaire a aussi fait débat. Le mot d’«apartheid», utilisé en particulier par Florian Philippot, a ainsi fait jaser. De même que celui de «dictature», dont Emmanuel Macron avait dénoncé l’emploi, au détour d’une étape du Tour de France. «Non, une dictature, ça n'est pas ça», avait alors lancé le chef de l’État, fustigeant le «cynisme politique» de ceux s’étant appropriés ce terme.