Dépenser en quelques minutes l’équivalent de plusieurs centaines de vols Paris-New York: après Richard Branson le 11 juillet, Jeff Bezos inaugurait le 20 son programme de tourisme spatial. Outre les deux milliardaires, respectivement patrons de Virgin et d’Amazon, Elon Musk, le richissime fondateur de Tesla, projette également d’envoyer des non-professionnels dans l’espace.
Si ce tourisme ne s’adresse pour l’instant qu’à un nombre restreint de porte-monnaie, il risque néanmoins de «massifier les vols suborbitaux pour des raisons totalement indépendantes de la science, de la technique ou du progrès humain», souligne au micro de Sputnik Philippe Droneau, directeur chargé de mission à la Cité de l’espace, à Toulouse. «On entre dans un schéma qui n’a pas de sens éthique: chacun a bien sûr le droit de réaliser ses rêves, mais notre planète est un élément fini dans lequel la proportion de carbone augmente de façon incontrôlée.»
Et de pointer du doigt l’inégalité sous-jacente: «Dans un contexte où chacun doit baisser ses émissions de carbone, le tourisme spatial non régulé est une sorte de provocation à faire n’importe quoi sans que cela ait d’influence sur la manière dont on vit avec les autres.» Dès lors, «les institutions internationales et les agences spatiales doivent absolument réguler, réglementer voire taxer ces activités.»
D’autant, conclut Philippe Droneau, qu’«on est face à quelque chose qui n’a rien à voir avec le cas des Gilets jaunes, par exemple. Les Gilets jaunes réagissaient au fait qu’on taxe, certes faiblement, mais des gens qui ont de modestes revenus. Tandis que là, on parle de très hauts revenus qui peuvent être largement taxés sans que cela ne pose aucun problème.»