Fin des tests de virginité dans l’armée indonésienne: une «violence fondée sur le genre»

L’Indonésie a décidé de renoncer au test de virginité dans ses forces armées, pratique invasive dénoncée depuis longtemps par l’OMS comme dénuée de valeur scientifique. Le représentant de Human Rights Watch pour l’Indonésie, Andreas Harsono, retrace pour Sputnik la bataille pour son abolition.
Sputnik
Diverses organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont salué la décision de l’armée indonésienne d’abolir les tests de virginité pour ses recrues féminines.
En juillet, le chef des armées, le général Andika Perkasa a demandé aux commandants que l’examen médical pour les femmes soit similaire à celui pour les hommes. Ses propos ont alors marqué la fin de la pratique des tests de virginité dite «des deux doigts».
«L’objectif est la santé. Il n’y aura plus d’examens au-delà de cet objectif», a déclaré Andika Perkasa. «Nous devons sélectionner les femmes de la même manière que les hommes.»
Le test était appliqué dans tous les corps de l’armée indonésienne depuis des décennies. Il a été parfois étendu aux fiancées des soldats indonésiens.
Ainsi, les recrutées devraient être évaluées en fonction de leurs qualités physiques. Les fiancées ne seront plus concernées.
«Le chef des armées Andika Perkasa fait une bonne chose. Le "test de virginité" est une forme de violence fondée sur le genre et une procédure largement discréditée», explique à Sputnik Andreas Harsono, représentant de Human Right Watch pour l’Indonésie.
Wirya Adiwena, l’adjoint au directeur à Amnesty International a applaudi aussi, à l’agence EFE, cette décision d’abolir le test «qui viole les droits de l’homme».
«Le test prévoit une pratique invasive de mettre deux doigts dans le vagin sous le prétexte de vérifier si une femme a eu des relations sexuelles avant. En novembre 2014, l’Organisation mondiale de la santé a statué dans une directive qu’"Il n’y a pas de place pour les tests de virginité, ils n’ont aucune valeur scientifique"», rappelle Andreas Harsono.
«Aucune forme de tests de virginité, que ce soit deux doigts ou l’examen de l’hymen, ne peut démontrer qu'une femme a eu une pénétration vaginale», indique à Sputnik Latisha Rosabelle, l'étudiante indonésienne qui a lancé la pétition afin de mettre un terme à cette pratique dans l’armée.

Aboli par la police, persistant dans l’armée

Mais pourquoi sont-ils toujours appliqués malgré l’absence de fondement scientifique?
HRW a dénoncé ce type de test au sein de la police indonésienne en 2014 et en 2015 dans les rangs de l’armée. La première a finalement renoncé à cet examen, mais le gouvernement n’a pas réussi à y mettre un terme au sein de l’armée.
«La société indonésienne de gynécologie et obstétrique et l’association médicale indonésienne sont restées muettes et n’ont jamais demandé que l’armée cesse la procédure pour les recrues féminines. Actuellement seules les forces navales et aériennes ont recours à cette pratique abusive», précise le représentant de HRW.
D’après les témoignages de femmes interrogées par HRW en 2015, toutes les femmes recrues, ainsi que les fiancées des militaires, y étaient sujettes, à l’exception de celles ayant des «liens puissants» ou ayant offert des pots-de-vin aux médecins.
Le test est parfois réalisé par un homme médecin, avait dénoncé Latisha dans la pétition qui a porté ses fruits: l’appel a récolté plus de 68.000 signatures.
«Tant que cette pratique est appliquée, il n’y a pas de moyens d’améliorer la situation, sauf en abolissant la procédure complétement», estime-t-elle.
Pour sortir le problème de l’impasse, HRW a envoyé des lettres à 16 médecins-chefs dans 16 pays dont la France, également en 2015.
Quel qu’en ait été l’acteur principal, les efforts conjoints semblent avoir abouti.
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