«Des erreurs de communication»: le Pr. Gilles Pialoux évoque certains ratés de la lutte contre le Covid

Le pass sanitaire ne suffira pas pour éviter la quatrième vague du Covid-19, prévient dans le JDD le Pr. Gilles Pialoux en plaidant pour une prévention combinée. Il déplore certaines erreurs du gouvernement et craint une prochaine pénurie de soignants.
Sputnik
L’extension du pass sanitaire récemment validée par le Conseil constitutionnel est-elle une mesure efficace contre la quatrième vague? Pour le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris, il n’empêchera pas «l’envahissement de l’hôpital» mais en limitera l’intensité. Alors que le gouvernement mise tout sur la vaccination, lui privilégie une prévention combinée.
«Le pass est un outil imparfait, […] [et] ne suffira donc pas à contrôler la vague Delta: il faut associer la vaccination, la stratégie dépister-isoler-tracer et les mesures barrières», plaide-t-il dans Le Journal du Dimanche (JDD).
Il note par ailleurs que l’identification des cas contacts est une mesure en perte de vitesse, ayant atteint son niveau le plus bas de l’année le 5 août.

Erreurs

Le médecin pointe «des erreurs de communication» au sujet de la vaccination, par exemple le fait de pouvoir abandonner le masque grâce au pass, comme l’a annoncé Olivier Véran le 13 juillet.
«On n'a pas enlevé la ceinture de sécurité quand est apparu l'airbag […]. Dire aux gens qu'ils peuvent ôter le masque dans l'espace public, c'est une erreur», argumente le Pr. Pialoux, rappelant que la vaccination n’empêche pas totalement la transmission du virus.
Il regrette également la fin du remboursement des tests PCR à partir d’octobre. «Le déremboursement est contre-productif de la santé publique. On fantasme que la mesure soit incitative à la vaccination, mais rien ne le démontre». Pour atteindre cette immunité collective fixée à 80% de vaccinés, lui suggère «d’aller vers les exclus, les oubliés de la santé».
«Je pense qu'il y a plus de gens à aller chercher que de gens à convaincre», résume-t-il.
Il s’oppose enfin à ce que les soignants soient menacés en raison de l’obligation vaccinale (une dose le 15 septembre, deux doses le 15 octobre). «Il ne faut pas que les gens perdent leur travail de ce fait, car on n'a pas les moyens de se passer d'eux en ce moment», justifie-t-il, observant déjà des arrêts de travail, burn-out et départs en raison de la vague d’épuisement qui touche la profession.

Anti-pass sanitaire

Ce 7 août, des manifestations contre l’extension du pass sanitaire ont été à nouveau observées dans de nombreuses villes pour un quatrième samedi consécutif. Le mouvement a pris de l’ampleur depuis la validation du texte de loi par le Conseil constitutionnel le 5 août, et dénonce de manière générale une atteinte aux libertés individuelles. Le ministère de l’Intérieur a dénombré 17.000 participants à Paris et 237.000 dans toute la France.
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