Le Fonds russe d’investissements directs (RFPI) qui finance et fait la promotion des vaccins Spoutnik V et Spoutnik Light, a dévoilé les résultats préliminaires d’une étude sur la combinaison du Spoutnik Light avec d’autres vaccins anti-covid fonctionnant différemment.
«Le RFPI a été le premier au monde à proposer des partenariats à d'autres producteurs pour mener des recherches conjointes sur les combinaisons de vaccins. Cette approche est la plus prometteuse pour lutter contre la pandémie, y compris contre les nouveaux variants de coronavirus qui émergent», avance Kirill Dmitriev, directeur général du RFPI, dans un communiqué.
Les essais en Argentine
Les essais de ce nouveau schéma vaccinal ont eu lieu en Argentine, l’un des 69 pays où le Spoutnik V est homologué. Randomisés en aveugle, ils ont été conduits dans la province de Buenos Aires sur 121 volontaires, rapporte le RFPI.
Le Spoutnik Light, conçu à partir d’adénovirus, a été combiné avec soit l’AstraZeneca, soit le Moderna, soit le Sinopharm. Selon le protocole, il a été utilisé en tant que première et deuxième injection, précise le Fonds. De plus, les chercheurs ont testé l’inoculation de deux doses du Spoutnik Light, bien que le médicament soit positionné comme unidose.
Si le britannico-suédois AstraZeneca a le même mode d’action que le Spoutnik Light (des adénovirus), l’américain Moderna est à ARN messager et le chinois Sinopharm consiste en un vaccin inactivé.
Les résultats obtenus par le ministère de la Santé de la province de Buenos Aires attestent que «la combinaison du Spoutnik Light avec d’autres vaccins, ainsi que la vaccination avec les deux doses du Spoutnik Light, s’avèrent non nocives: il n’y a pas d’effets secondaires graves».
«Toutes les combinaisons utilisées durant les essais sont attestées comme non nocives», indique le communiqué.
Des partenariats
Le RFPI a été le premier à lancer une initiative de partenariat avec d’autres producteurs de vaccins, précise le Fonds. Ainsi, en décembre 2020, un accord a été conclu avec AstraZeneca, «les études débutant en février 2021».
Des essais similaires sur cette combinaison sont en outre menés par le RFPI en Azerbaïdjan (sur 50 volontaires) et aux Émirats arabes unis. Fin juillet, le ministère russe de la Santé a donné son feu vert pour des essais en Russie. 150 volontaires y prennent part, ils prendront fin dans sept mois, en mars 2022.
Vaccination hétérologue
Les résultats peuvent être d'une grande importance pour les pays où le vaccin russe, ainsi que les vaccins d’AstraZeneca, de Moderna ou de Sinopharm, sont enregistrés.
«Le schéma hétérologue prime-boost, quand les composants de différents vaccins sont administrés à un patient, est l'un des schémas de vaccination les plus prometteurs pour l'étude. Cela devient particulièrement pertinent maintenant, alors que la prévention de la propagation de nouveaux variants du coronavirus est d’importance et que le besoin des doses de rappel mûrit», a commenté Irina Panarina, directrice générale de la filiale d’AstraZeneca en Russie et Eurasie.
En France, cette approche a également été mise sur la table. Ainsi, dans son avis émis le 8 juillet, la Haute autorité de santé (HAS) recommande un schéma vaccinal hétérologue comprenant une combinaison de l'AstraZeneca et un vaccin à ARNm compte tenu de sa «meilleure réponse immune».
Les mêmes recommandations ont été émises par le Conseil supérieur des maladies infectieuses (CSMI), analogue de la HAS au Luxembourg, également en juillet.
Les particularités des vaccins Spoutnik
Le Spoutnik Light, dont l’efficacité s’établit à 79,4%, est un vaccin unidose comprenant le premier composant du Spoutnik V. Ce dernier est basé sur une plateforme de vecteurs d'adénovirus humains, «que l'humanité connaît depuis des millénaires», indique le RFPI.
Le Spoutnik V, avec une efficacité de 97,6% selon les dernières données, est le premier vaccin anti-Covid basé sur une «approche de rappel hétérogène», appelée aussi «cocktail vaccinal», c’est-à-dire impliquant l’utilisation de deux adénovirus différents pour la première et la deuxième injection en tant qu’apport. «Cette approche crée une immunité plus forte par rapport aux vaccins qui utilisent le même mécanisme d'administration pour les deux injections», a précisé le RFPI le 27 juillet via Telegram.