«Là, où il s’agit de la santé et de vies humaines, la politique ne doit pas avoir sa place», a estimé le ministre russe des Affaires étrangères, évoquant l’homologation du vaccin russe Spoutnik V auprès du régulateur européen. Sergueï Lavrov espère que l’Union européenne prendra cette idée en compte pendant les prochaines étapes de l’examen de la demande déposée par la Russie il y a quelques mois.
Il a rappelé qu’actuellement le vaccin Spoutnik V faisait l’objet d’une «expertise graduelle» au sein de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Au printemps, des représentants de l’UE ont visité des établissements médicaux à Moscou impliqués dans les essais cliniques du Spoutnik V, ainsi que des sites de production.
«Les employés de l’Agence européenne des médicaments sont en contact direct professionnel avec des représentants des ministères russes de la Santé et de l’Industrie et du Commerce. Selon nos informations, il n’y a pas de remarques envers le vaccin même et le niveau de son efficacité. Nous partons du fait que la question est au cœur d’un dialogue dépolitisé et professionnel entre des structures compétentes», a souligné M.Lavrov dans une interview diffusée sur le site de la diplomatie russe.
«Rhétorique agressive»
Le ministre russe a toutefois déploré l’aggravation de la «rhétorique agressive» et des «algarades» de certains représentants de l’Union européenne et de ses pays membres:
«Pour parler de nos partenaires français, ils placent cette question qui ne relève que du caractère scientifique et humanitaire dans le domaine politique.»
Sergueï Lavrov a estimé que cette position «dissonait de manière notable avec l’approche que Paris avait manifestée auparavant».
«Nous nous souvenons des propos d’Emmanuel Macron qui disait que la décision de l’homologation du remède russe se baserait non pas sur les idées politiques, mais scientifiques. Mon homologue Jean-Yves Le Drian avait également déclaré que si le Spoutnik V était approuvé et certifié par l’Agence européenne des médicaments, ainsi que par la Haute Autorité de santé, il n’y aurait aucun obstacle pour sa diffusion», a-t-il poursuivi.
Le ministre a rappelé que la France était parmi les premiers pays avec qui la partie russe avait entamé des négociations sur ce sujet. Fin novembre 2020, une délégation d’experts français s’était rendue en Russie pour des pourparlers avec le Fonds russe d’investissements directs (RDIF).
La reconnaissance des certificats de Saint-Marin
Pointant l’efficacité qu’a montrée le remède russe homologué dans 67 pays et autorisé à l’utilisation dans deux pays de l’UE, en Hongrie et en Slovaquie, Sergueï Lavrov a cité l’exemple de l’Argentine et de Saint-Marin. Dans ce micro-État, une majorité prépondérante de la population a été vaccinée au Spoutnik V.
Le 2 août, la Commission européenne a décidé de reconnaître les certificats de vaccination délivrés à Saint-Marin, où le vaccin russe a contribué à venir à bout de l’épidémie.
«La Commission a pris des décisions garantissant que les certificats Covid-19 délivrés par l'État de la Cité du Vatican et de Saint-Marin seront considérés comme équivalents aux certificats Covid numériques de l'UE», a indiqué le communiqué de la Commission.
Or, le représentant de l’institution a précisé auprès de Sputnik que cette décision «de reconnaître l'équivalence des certificats Covid [avec des pays tiers, ndlr] ne signifie pas la reconnaissance d’un vaccin».
«Le certificat de vaccination de Saint-Marin sera accepté dans les mêmes conditions que les certificats numériques Covid de l'UE pour le vaccin Spoutnik V», a-t-il poursuivi en expliquant que chaque pays de l’UE décide lui-même de lever ou non les restrictions pour les personnes vaccinées avec les remèdes non approuvés par le régulateur européen.