La filière de la restauration retient son souffle. Le Conseil constitutionnel doit statuer jeudi 5 août sur le projet de loi sanitaire. Le texte comporte notamment l’obligation de montrer son pass sanitaire pour s’installer à l’intérieur mais aussi en terrasse des cafés et restaurants.
«On n’est pas contre le principe de la vaccination pour protéger la population. Mais la manière d’y arriver est très violente. Sans concertation en amont. Malheureusement, c’est la pratique. On aurait pu expliquer les choses avant, ça serait mieux passé», déplore-t-il au micro de Sputnik.
Le représentant professionnel met en avant les difficultés propres au secteur de la restauration. Ainsi, pour une salle de spectacle où une seule entrée peut être surveillée par un agent de sécurité, le contrôle «est beaucoup plus facile».
Assouplissement espéré du pass pour les terrasses
Le vice-président de l’UMIH déplore que, lors des discours présidentiels, «on soit passé du restaurateur au délinquant». Mal perçue par les professionnels, cette image communiquée au plus haut niveau «a envenimé le débat au lieu de l’apaiser».
«Depuis le mois de mars 2020, on a une image de centres de contamination. Et ce alors que les protocoles sanitaires ont étés mis en place: distanciation, port du masque… Et ça fonctionne. D’ailleurs, au moment où nous étions fermés, le virus a continué à progresser», fait-il remarquer.
Jean Terlon mentionne les difficultés qu’ont ses clients à accepter des contraintes pour les terrasses, ce «lieu de liberté». De leur côté, les tenanciers sont «mis devant un édifice énorme à surmonter».
«On est en pleine saison. En bord de mer, sur les terrasses, c’est ingérable. Les consommateurs ne rentrent pas par un seul endroit, ils arrivent de tous les côtés. Tout comme les vacanciers qui voient leurs amis attablés et les rejoignent directement sur la terrasse.»
Le professionnel cite également le changement de discours officiel, puisque, «au début, à la réouverture des restaurants», les politiques ont parlé des avantages que représentent les terrasses dans le contexte sanitaire tendu. Et il déplore que, actuellement, «la terrasse deviendrait un lieu de contamination comme la salle». Peu cohérent, selon lui.
«La terrasse est une vraie passoire à pass sanitaires. Comme on est susceptible d’être verbalisés pour des gens qui n’ont pas de pass, ça serait à moindre mal et assez logique que les terrasses soient sorties du dispositif [par le Conseil constitutionnel, ndlr]», martèle le vice-président de l’UMIH.
Citant également la situation particulière des restaurants routiers, exemptés du pass sanitaire, Jean Terlon trouve que, «dans le problème des routiers, ainsi qu’avec les terrasses, il y a un problème d’égalité devant la loi». «Tout dans ces lois présente des contre-vérités, des incohérences. On verra bien ce qui va en sortir».
Un manque de concertation
Il garde une certaine rancune envers le monde politique et reproche l’absence de consultations avec l’exécutif. D’après ses informations, le ministre a «appelé le président confédéral deux jours avant l’annonce du Président de la République», en disant: «Nous allons mettre en place un pass sanitaire.»
«On aurait pu dire: “On va être obligé de mettre en place le pass sanitaire. Parlons-en… Comment procéder? Quelle est la meilleure manière de le mettre en place?”» regrette Jean Terlon.
Cette façon d’agir semble à ses yeux «plus intelligente pour éviter de braquer l’ensemble des Français». Et encore plus adaptée vis-à-vis de professionnels de la restauration «qui viennent d’ouvrir il n’y a pas longtemps et qui sont dans des situations compliquées».
«On est habitué. Au mois de mars 2020, on nous a fermés en trois-quatre heures. On est toujours prévenus au dernier moment. C’est un peu dommage», soupire notre interlocuteur.