Érigée en grande cause du quinquennat, la lutte contre les violences faites aux femmes passe à l’épreuve des chiffres. Comme chaque année, le ministère de l’Intérieur a en effet publié sa traditionnelle étude sur les «morts violentes au sein du couple».
Sans surprise, les femmes y sont surreprésentées, avec 102 victimes sur 125 décès en 2020. Ces chiffres constituent cependant un plus-bas historique depuis la création de l’étude, en 2006. Géographiquement, la région Hauts-de-France est la plus touchée.
Contrairement à une idée reçue, les victimes décédant sous les coups restent rares, et les modes opératoires sont le recours à l’arme à feu ou à l’arme blanche. Autre lieu commun balayé par l’étude: la consommation d’alcool ou de stupéfiants chez les auteurs d’homicide. Dans 58% des cas, les criminels n’ont pas consommés d’alcool, ni au moment des faits, ni de manière régulière. Un chiffre qui grimpe à 87% pour la prise de drogues.
Autre élément intéressant dans le profil des auteurs comme des victimes: leur âge. Les plus de 70 ans représentent en effet 22% des victimes et 23% des auteurs de mort violente. Enfin, 16% des criminels en 2020 étaient de nationalité étrangère, souligne également l’étude.
Concernant le mobile, la dispute et le refus de la séparation demeurent les principaux motifs de passage à l’acte. Un élément notamment mis en lumière par le meurtre de Chahinez Boutaa, la mère de famille brûlée vive à Mérignac début mai, après s’être fait tirer dessus par son mari. Celui-ci avait déclaré aux enquêteurs ne pas supporter l’idée d’un divorce et soupçonnait sa femme d’avoir un amant. Il avait par ailleurs violé sa mesure obligatoire d'éloignement.
Darmanin veut agir, la justice sous pression
En marge de cette étude, Gérald Darmanin a annoncé de nouvelles mesures, dans un entretien au Parisien.
Le ministre de l’Intérieur veut ainsi prioriser les plaintes pour violences conjugales, afin qu’elles soient «traitées devant toutes les autres: devant les cambriolages, devant les stupéfiants, devant les vols à la tire». Le ministre appelle à proscrire définitivement les «mains courantes» pour ce genre de cas.
Alors que les procédures pour violences conjugales ont explosé (193.000 l’an dernier), Gérald Darmanin a également admis que ces contentieux étaient «un véritable défi en termes d’organisation» entre la justice et la police. Le laxisme judiciaire avait d’ailleurs été pointé du doigt dans plusieurs affaires récentes. Après le meurtre de Chahinez Boutaa, le Garde des Sceaux avait même été hué au Sénat, alors qu’il tentait de se justifier sur les dysfonctionnements judiciaires ayant émaillé l’affaire.