Des anticorps à domaine unique, aussi connu sous le nom de nanocorps, ont été étudiés par des scientifiques de l’université allemande Georg-August de Göttingen, en Basse-Saxe, comme un outil pour neutraliser le coronavirus SARS-CoV-2, ressort-il des résultats d’une étude publiés dans la revue Journal of the European Molecular Biology Organization (EMBO Journal).
Les nanocorps, qui représentent des fragments de l’anticorps classique et sont environ 10 fois plus légers que la plupart des anticorps communs, utilisent le même mécanisme d’action contre les virus.
Tout comme les anticorps traditionnels plus lourds, ces minuscules protéines sont capables de s’accrocher aux agents infectieux pour bloquer le domaine de liaison au récepteur du virus, empêchant ce dernier de se lier aux cellules saines.
30.000 fois plus efficaces
Au cours de l’étude, les chercheurs ont immunisé trois alpagas, mammifères du groupe des camélidés, contre le Covid-19 pour que les animaux produisent des anticorps à domaine unique résistants à la protéine de pointe SARS-CoV-2, relate l’EMBO Journal.
Après avoir isolé du sang des alpagas et analysé près d’un milliard de différents nanocorps, les scientifiques ont pu sélectionner les 45 molécules les plus efficaces quant à la neutralisation du SARS-CoV-2 et la prévention de sa propagation dans les cellules humaines. D’après les scientifiques, il s’agit notamment des nanocorps pouvant résister à 95°C.
Les auteurs de l’étude ont également appliqué une méthode de construction de différentes structures à partir des anticorps à domaine unique, notamment des tandems, composés de deux nanocorps identiques, et des triades comprenant trois domaines similaires, expose la revue scientifique.
Il s’est avéré que grâce à une symétrie structurale avec trois domaines de liaison au récepteur du SARS-CoV-2, la triade de nanocorps a des capacités de neutralisation du nouveau coronavirus 30.000 fois supérieures à celles d’un seul anticorps. En plus, les scientifiques ont découvert que ces structures complexes demeuraient dans l’organisme plus longtemps, ce qui augmente aussi l’effet thérapeutique.
Selon les chercheurs, un nombre minime de nanocorps ont de hautes capacités de désactivation de toutes les souches du SARS-CoV-2 actuellement identifiées.
«Nous avons construit des tandems de nanocorps et identifié des monomères de nanocorps qui résistent aux mutations K417N/T, E484K, N501Y et L452R trouvées dans les variants Alpha, Beta, Gamma, Epsilon, Lota et Delta/Kappa [du coronavirus, ndlr]», indiquent les chercheurs.
Étant donné que les nanocorps sont plus solides et plus faciles à cultiver que les anticorps classiques, les scientifiques fondent beaucoup d’espoirs sur un développement rapide de médicaments et vaccins anti-Covid à partir de ces anticorps minuscules, constate la revue.
Camélidés à la rescousse de la planète
Les premiers anticorps à domaine unique ont été élaborés à partir des anticorps à chaîne lourde découverts chez les camélidés.
Ces animaux sont les seuls mammifères qui, à part des anticorps classiques, composés de chaînes lourdes et légères, possèdent également des anticorps formés uniquement de chaînes lourdes.
Cette découverte, pour la première fois décrite dans la revue Nature en 1993, a ouvert de nouvelles perspectives pour des recherches scientifiques, notamment visant à développer des traitements médicaux plus efficaces.
Des camélidés, comme le lama ou l’alpaga, sont désormais les sujets de multiples études et, grâce à la particularité naturelle unique de leur immunité, pourraient apporter une contribution majeure à la lutte contre le Covid-19 et d’autres fléaux viraux.
S2H97, un «super» anticorps
Les anticorps communs restent toujours dans le viseur des scientifiques qui ne s’arrêtent pas de chercher de nouvelles solutions aux problèmes de la pandémie du nouveau coronavirus.
Selon un rapport publié en juillet 2021 par la revue Nature, des chercheurs américains du Fred Hutchinson cancer research center (FHCRC) de Seattle ont réussi à identifier un anticorps capable de neutraliser non seulement différentes souches du SARS-CoV-2, mais aussi d’autres types de coronavirus du sous-genre des sarbecovirus.
Les auteurs de l’étude espèrent que cet anticorps S2H97, baptisé anticorps pan-sarbécovirus ou «super» anticorps, puisse favoriser l’élaboration de nouveaux vaccins pan-sarbécovirus pour se protéger simultanément contre plusieurs virus, a constaté la revue scientifique.