Mi-juillet, deux grands panneaux de quatre mètres sur trois ont fait leur apparition à l'entrée de Toulon et à La-Seyne-sur-Mer. Les affiches montrent une photo détournée d’Emmanuel Macron ainsi qu’un slogan, écrit en lettres blanches sur fond rouge: «Obéis, fais-toi vacciner». L’abréviation «LREM» est aussi présente en renvoyant à la croix gammée. Macron porte une moustache à la Hitler et un brassard similaire à celui du parti nazi.
Le 16 juillet, les affiches ont été revendiquées par Michel-Ange Flori, habitant du Varois, propriétaire de centaines de panneaux publicitaires sur lesquels il commente l’actualité politique et sociale depuis des années.
La réaction n’a pas tardé
Moins de deux semaines après, M.Macron a mandaté un cabinet d’avocats parisien pour déposer plainte contre M.Flori, selon les informations de France Bleu Provence parues le 28 juillet.
L’enquête préliminaire pour injure publique sur la personne du Président de la République a déjà été ouverte par le parquet de Toulon le 20 juillet, peu après l’apparition des affiches. Le délit est passible d’une amende de 12.000 euros.
Satire et métaphore?
Dans ce dossier, Michel-Ange Flori doit être entendu ce jeudi au commissariat de police.
«Je viens d’apprendre que je serais entendu au commissariat de Toulon demain sur plainte du Président de la République. Ainsi en macronie on peut se moquer du cul du prophète c’est de la satire, mais grimer le Président en dictateur c’est un blasphème», a réagi Michel-Ange Flori sur Twitter peu après l’annonce du dépôt de plainte.
Selon l’avocat de l’afficheur, qui admet que l’image peut être considérée comme excessive, son client souhaite s'expliquer.
«Ça n'est jamais plaisant d'être convoqué par la police, on n'est jamais tranquilles. Cette affiche, c'est excessif et c'est le principe de la caricature. Mais ça n'est pas injurieux», avance Didier Hollet auprès de France Bleu.
Démocratie «sans discussion»
Michel-Ange Flori, habitué aux provocations, prétend être dans la satire, la métaphore, la dénonciation de la démocratie «sans discussion».
«Vous voyez Hitler, mais on peut y voir Staline, ou moi j'y vois Charlie Chaplin dans Le Dictateur», a-t-il déclaré à l'AFP.
Ces affiches dénoncent la «démocratie où les décisions sont prises sans discussion lors d'un conseil sanitaire».
Quelques jours après, l’un des panneaux a été partiellement masqué par de la peinture blanche et tagué du mot «honte». «Ils ignorent le mot métaphore, la honte c’est eux», a renchéri l’afficheur sur Twitter en ajoutant que «les intellectuels macronistes ne supportent pas que je me gausse de leur idole».
Déjà condamné à plusieurs reprises pour ses affiches, il assurait fin juillet à 20 Minutes ne pas avoir de craintes concernant un passage devant la justice: «Pas du tout, je vais à la plage et je bois des mojitos. Et je réfléchis toujours à ce que je fais, je suis un artisan défenseur de la liberté d’expression».
«Je suis un provocateur, je ne suis pas un agité, je pointe du doigt des dérives et je ne peux pas être dans le soft», expliquait-il.
Habitué des campagnes polémiques
En 2019, en pleine crise des Gilets jaunes, Michel-Ange Flori a été condamné pour avoir affiché la phrase «La police vous parle tous les jours sur BFM TV». Il prétendait être «uniquement satirique».
«Je voulais simplement parodier la phrase de mai 68, “la police vous parle tous les soirs à 20h”. Je le prends comme un coup personnel, on veut salir ma liberté d’expression», avait-il expliqué à 20 Minutes.
Il avait été condamné à verser 30.000 euros à BFM TV et à retirer l'affiche ainsi que ses photos de sa page Facebook.
Michel-Ange Flori, propriétaire de 350 panneaux publicitaires dans le Var, placarde ses affiches depuis des années. Son premier slogan choc est apparu en 1999 avec le sujet sensible de l'installation illégale de paillotes sur le domaine public maritime en Corse. Cela lui avait valu 36 heures de garde à vue.
«Macron permet aux pauvres de faire les poubelles gratuitement» est aussi l’un de ses slogans qui avaient fait du bruit pendant la crise sociale. En 2015, année marquée par les attentats en France, il avait placardé «Je suis Charlie», puis réclamé la peine de mort pour les terroristes.